Après avoir fait main-basse sur les compositions des gouvernements depuis celui de Driss Jettou, les technocrates, qui n'ont jamais exercé de mandat électoral, saisissant des vents favorables, mettent le cap sur les partis politiques. L'élection de Nizar Baraka à la tête de l'Istiqlal n'est pas un cas isolé ; elle devrait être suivie prochainement par celle de Mohamed Hassad au Mouvement populaire. Les technocrates débarquent en force sur la scène partisane. La victoire écrasante de Nizar Baraka lors du congrès de l'Istiqlal face à un populiste expérimenté tel que Hamid Chabat en est la preuve éloquente. Le nouveau secrétaire général de la Balance est certes un Istiqlalien de toujours, mais il n'a jamais exercé un mandat électoral. Son nom est apparu sur la scène politique en octobre 2007 grâce à son beau-père, Abbas El Fassi. Nommé par le roi Mohammed VI pour former un gouvernement à l'issue des législatives de septembre de la même année ayant accordé la première place au PI, El Fassi avait offert à son gendre le ministère des Affaires générales du gouvernement. Depuis, il a gravi les échelons. Sous le cabinet Benkirane I, il s'était vu confier le ministère de l'Economie et des finances. Lorsque la Balance avait basculé au printemps 2013 dans les rangs de l'opposition, il avait pris les commandes du Conseil économique, social et environnemental. Mohamed Hassad sur les traces de Baraka Un autre homme se prépare également à prendre les rênes de l'une des plus anciennes formations politiques du Maroc. Quelques mois seulement séparent Mohamed Hassad, qui trône à la tête d'un super-ministère réunissant l'Education nationale, l'Enseignement supérieur, la Recherche scientifique et la Formation professionnelle, de l'élection du nouveau secrétaire général de l'Epi au congrès de 2018. A l'instar de Nizar Baraka, Hassad ne s'est jamais présenté à une élection locale ou nationale. Néanmoins, ses nombreuses années passées au département de l'Intérieur, d'abord en tant que Wali à Marrakech puis à Tanger et ensuite à la tête du ministère, lui ont certainement permis de se familiariser avec les rouages de la machine électorale. Fort de cette expérience, Hassad n'aura pas besoin d'un «Hamdi Ould Errechid» pour lui baliser le chemin. Sans oublier que le Mouvement populaire n'a pas non plus son «Hamid Chabat». Les conflits et les égos se règlent souvent à huis clos et grâce à des concessions. Ce retour en force des technocrates n'est pas encore total, le PJD faisant figure d'exception. L'ascension y est encore tributaire de l'engagement politique et surtout religieux au sein du Mouvement unicité et réforme (MUR), mais pour combien de temps ?