C'est désormais officiel : les Kabyles veulent rompre le cordon ombilical avec l'Algérie. Ferhat Mehenni a déposé hier une requête en ce sens au siège des Nations unies. Que fera le Maroc ? Après le Kurdistan irakien et les Catalans, c'est au tour des Kabyles de revendiquer officiellement le droit à l'autodétermination. Ferhat Mehenni, qui se présente en tant que «président du gouvernement de la Kabylie», a déposé hier au siège des Nations unies un mémorandum pour l'indépendance de la région. Le texte est composé de 350 pages et de dix dossiers thématiques, rapporte un média proche des indépendantistes. «La renaissance de la Kabylie est sur la bonne voie. Il nous appartient à toutes et à tous de nous mobiliser, de nous motiver et d'aller de l'avant pour la libération de la Kabylie», a indiqué Mehenni dans un message adressé à ses partisans. Et de les appeler à «se rassembler et à se mobiliser pour concrétiser ce projet de libération de notre pays, la Kabylie». Que fera le Maroc ? Le dépôt officiel de cette demande devrait interpeller les autorités marocaines. Rabat n'a jamais caché son appui aux revendications des mouvements amazighs en Algérie, que ce soit en Kabylie ou à M'Zab (dont le chef-lieu est Ghardaïa). Le royaume s'en est même fait l'avocat au siège de Nations unies, donnant lieu à de réelles passes d'armes entre des diplomates marocains à New York et leurs homologues algériens. Le pic de ses empoignades a été recensé en novembre 2015 avec un appel solennel destiné à l'ONU : «Le peuple kabyle doit être entendu et écouté pour la reconnaissance de ses besoins et de ses attentes (…) La communauté internationale a le devoir de l'accompagner pour qu'il puisse jouir de ses droits légitimes à l'autodétermination et à l'autonomie.» Deux ans plus tard, que fera le Maroc ? Soutenir ouvertement les aspirations indépendantistes des amis de Ferhat Mehenni serait en totale contradiction avec les principes énoncés par le gouvernement El Othmani, résolument hostiles au séparatisme. C'est d'ailleurs ce qu'a répété hier le ministre des Relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, au sujet des référendums d'indépendance du Kurdistan irakien et de la Catalogne. Mais au-delà de ces déclarations de circonstances, le royaume ne pourrait se permettre le luxe de se priver d'une carte dans son conflit avec l'Algérie, le parrain du Polisario, au nom de l'unité des Etats. Cela fait des années que le royaume déroule le tapis rouge à Ferhat Mehenni.