Les musulmans de Suisse se mobilisent pour lever l'interdiction de construction de minarets dans leur pays. Cette fois, c'est le Conseil Central Islamique Suisse (CCIS), fondé par des Suisses de souche convertis à l'Islam qui mène le combat. L'association va lancer une pétition pour récolter les 100 000 signatures nécessaires au dépôt d'une initiative populaire pour lever cette interdiction approuvée par référendum en novembre 2009. L'interdiction des minarets en Suisse est «en contradiction avec la Constitution du pays, concernant l'égalité des droits et l'interdiction de discrimination». C'est l'avis du Conseil Central Islamique Suisse (CCIS), qui se mobilise pour que la confédération helvétique fasse marche arrière sur la question. Dès l'automne prochain, l'association compte lancer une pétition pour recueillir 100 000 signatures, nécessaires au dépôt d'une initiative populaire pour lever cette interdiction. Le CCIS prévoit un budget de 500 000 francs suisses (environ 403 700 euros) pour financer son action. Les fonds proviennent «des donateurs, des mécènes et des entreprises, suisses de surcroît ou qui ont au moins un domicile ou un siège social dans le pays». La contribution des fidèles musulmans est également attendue, via des bulletins de versements et tracts distribués dans les mosquées. Le Conseil, qui dispose déjà d'un cinquième de la somme attendue, est aussi en contact avec différents acteurs politiques, scientifiques et culturels helvétiques pour faire passer son message. Aucune formation politique n'a pour le moment annoncé son soutien à cette initiative. Pour Qaasim Illi, le porte parole du CCIS, cette action a pour objectif de mettre fin à la discrimination de la communauté musulmane, mais aussi de redorer l'image de la Suisse à l'étranger : «L'interdiction des minarets n'a servi à rien, si ce n'est à ternir l'image de la Suisse à l'étranger». Même le Conseil de l'Europe avait à l'époque contesté cette décision. Il avait demandé à la Suisse «d'adopter un moratoire sur l'interdiction générale de construction des minarets» et «d'abroger l'interdiction dès que possible car elle discrimine la communauté musulmane». Les députés européens avaient pour leur part soutenu que «la construction des minarets devait être possible, au même titre que celle des clochers, dans le respect des conditions de sécurité publique et d'urbanisme». C'est sous l'impulsion du parti conservateur de droite UDC (Union démocratique du centre) que la Suisse avait opté, le 29 novembre 2009, par voie référendaire (à 57%), d'interdire la construction de minarets accompagnant les mosquées. Le vote avait créé une grande polémique dans ce pays de près de 8 millions d'habitants qui compte environ 370 000 musulmans.