Au Maroc, il ne reste de la vague du «Printemps arabe» que les souvenirs des marches du Mouvement du 20 février et les contre-manifestants appelés «Baltajis». Ces derniers, sous prétexte d'aimer le roi et la patrie, tentaient de perturber les manifestations. Après une longue période d'hibernation, les voilà qui reprennent du service avec le «Hirak» d'Al Hoceima. Les huit mois de contestation au Rif ont remis en activité les groupes de Baltajis. Bien avant la vague d'arrestations opérée, depuis samedi dernier, dans les rangs des meneurs de la «Mobilisation», les «Baltajis» avaient laissé des traces à Nador en décembre et à la commune rurale de Bni Boufrah en mai. Cependant la tournure des événements à Al Hoceima et l'élan de solidarité avec les rifains ont précipité leurs sorties. Les tentatives de perturbation des manifestations de soutien au mouvement de contestation se multiplient et, de surcroît, au vu et au su des autorités. Ainsi, hier soir à Tanger, ils ont investi le lieu d'un sit-in à Bni Makada en faveur du «Hirak», comme le rapporte le site Hespress. Munis de drapeaux nationaux, ils essaient par tous les moyens d'avorter les manifestations. Les "Baltajis" ont déjà sévi à Marrakech et Casablanca Le 31 mai à Casablanca, un groupe de personnes se réclamant d'une entité appelée «les Jeunes royalistes» avait entonné l'hymne national en plein sit-in de soutien à la «Mobilisation» d'Al Hoceima. Comme à Tanger, ils avaient pour mission d'occuper le lieu choisi par les pro-«Hirak» en vue de les contraindre d'annuler leur acte. Le pire a été évité grâce à une intervention des forces de l'ordre qui ont joué aux Casques bleus en installant des barrières de sécurité pour séparer les deux camps. Il est à signalé que c'est la 2e fois que ces «invités indésirables» sévissent à Casablanca après leur démonstration le week-end dernier. Ce genre d'incident a été enregistré, également, à Marrakech avec l'assaut de disciples du salafistes Mohamed Maghraoui contre une marche d'appui aux revendications des habitants du Rif. Là, ils ont réussi à annuler l'acte de solidarité avec le mouvement de protestation à Al Hoceima. Le ministère de l'Intérieur prend ses distances avec les appels à manifester le 20 juillet Longtemps présenté comme bénéficiant d'une couverture d'une partie des autorités locales, les "Baltajis" ont reçu une sérieuse mise en garde de la part du ministère de l'Intérieur. Il y a trois jours un appel circulait sur les réseaux invitant les «Marocains qui aiment leur patrie et leur roi» à prendre part à de grandes marches pour le 20 juillet dont le coup d'envoi sera donné à partir des sièges des préfectures. Le choix de la date n'est pas innocent. Il coïncide en effet avec la grande manifestation que préparait Nasser Zefzafi avant son arrestation. Hier, le département de Laftit a réagi via un communiqué : «Le département exhorte les citoyens à faire preuve de vigilance face aux informations attribuées à des parties officielles et véhiculées via les nouvelles technologies de la communication.»