Mardi, le même scénario se répète depuis près d'une semaine. Du calme la matinée et puis, la nuit, à Bni Bouayach des manifestations, des interventions musclées, des hospitalisations et des arrestations. « Les manifestations ne se sont pas seulement limitées à la région de Bni Bouayach. A Imzouren et Boukidan (Hoceima), de 18H00 vers minuit, les gens sont sortis, mardi, pour soutenir la cause des habitants de Bni Bouayach et dénoncer l'intervention répressive des forces de l'ordre. D'ailleurs, ils n'auraient apparemment plus le droit de soutenir leurs proches de Boukidan, dès lors qu'ils ont été tabassés. « Je pense que le dialogue est mort ici…. », témoigne Fayssal Aoussar, coordinateur de l'AMDH à El Hoceima. Mobilisation des MRE « Hier, d'après la même source, les choses se sont encore une fois calmées, mais la menace de manifestations nocturnes n'est pas écartée. Mis à part le mouvement du M20F, qui s'est rendu sur les lieux mercredi matin pour « dénoncer l'abus de force de la police », plusieurs Marocains résidant à l'étranger sont sortis dans la matinée pour soutenir les habitants de Bni Bouayache. « Les Marocains immigrés en Espagne et aux Pays-Bas ont eux aussi exprimé leur soutien à la population de Bni Bouyache, car ce qui se passe actuellement commence à inquiéter », précise Fayssal. Et d'enchaîner : « Tout cela ne peut plus durer. Il faut que les gens sachent que quand un policier blesse quelqu'un, ce dernier ne va pas à l'hôpital, mais se réfugie chez lui ; car il a peur et craint les procédures inhumaines des arrestations ». Décidément, Bni Bouayache s'embrase à petit feu. Toutefois « il faut se méfier des informations et des images qui circulent sur Internet concernant ces zones d'Al Hoceima, car il ne faut pas se leurrer, certaines personnes ne cherchent qu'à semer la zizanie sans pour autant aspirer à un vrai changement », conclut un acteur associatif à Bni Bouayache, ayant requis l'anonymat. A l'heure ou nous mettons sous presse, l'AMDH Paris, apprend-on, s'est mobilisée elle aussi et a appelé hier matin à « la cessation de tous les actes de violence dans le Rif, dénonçant la violence injustifiée à l'égard des civils, la dispersion des sit-in, de manière illégale, l'usage de substances chimiques dangereuses, les violations de domicile et les arrestations arbitraires de citoyens et de manifestants », conclut le communiqué de l'association.