Alors que la ville de Bni Bouayach a repris hier son calme après 5 mois de sit-in et de protestations contre la cherté des factures de l'eau et de l'électricité, ainsi que la mauvaise gestion des affaires locales, le bureau régional du PJD, section El Hoceima, a publié récemment un communiqué accusant les forces de l'ordre d' « interventions musclées volontaires et bizarres » contre les manifestant pacifiques de Bni Bouayache. « Dans la logique de notre suivi des événements de la région, nous dénonçons sévèrement l'intervention musclée et exagérée des forces de l'ordre qui n'est pas à notre avis une solution aux revendications des habitants de Bni Bouayach. De plus, nous sommes pour toutes les formes de manifestations pacifiques et civilisées dans le pays, et qui ont comme objet d'améliorer les situations sociales et économiques dans la région et de réaliser une certaine liberté, justice et dignité, sociales », peut-on lire dans le communiqué. Une police no-limit « Durant les récentes manifestations à Bni Bouayach, la police a tabassé des innocents, cassé des portes, insulté de manière très blessantes et insolemment des manifestants, violé des demeures et des propriétés privées. D'ailleurs même les arrestations se sont effectuées de manières très aléatoires », nous raconte Nabil Al Andaloussi, membre du bureau régional du PJD d'El Hoceima. Ce qui reste exceptionnel dans cette affaire de dénonciation, c'est que normalement l'ordre donné à la police pour intervenir dans n'importe quelle manifestation provient de l'Intérieur, lui-même sous les ordres du gouvernement Benkirane. « Il faut savoir que notre rôle premier dans le bureau régional du PJD d'El Hoceima est d'abord de relater les faits tels qu'ils sont. Même si nous sommes du PJD, nous ne prenons parti ni avec les citoyens ni avec le gouvernement Benkirane. Nous sommes neutres et nous sommes avant tout, nous-même des habitants de Bni Bouayache et nous refusons la situation critique que vit notre région », précise Al Andaloussi. Si le bureau régional du PJD d'El Hoceima accuse la police d'avoir été « brutale et agressive » avec les habitants, il remet aussi en cause quelques agissements « non-civilisés » de la part des manifestants qui ont « coupé la route et empêché les voitures de passer ». La peur d'une dégénérescence sociale Interrogé sur les partis susceptibles d'être concernés par cette répression, El Andaloussi reste sur ses gardes : « En tant que parti politique à la tête du gouvernement, nous ne pouvons accuser personne car nous n'avons aucune preuve aujourd'hui. Mais une commission d'enquête parlementaire est en cours de création pour déterminer les auteurs de ces interventions inacceptables ». Le communiqué fait notamment une demande ouverte à l'intention de la cours des comptes pour que cette dernière envoie un comité de contrôle au Conseil Municipal de la ville de Bni Bouayach. « Il faut que les forces de l'ordre arrêtent immédiatement toutes les formes de répressions agressives contre les manifestants, et optent pour la voie du dialogue et de l'écoute afin de trouver des solutions dans la région. ». Depuis Mercredi, la police a arrêté d'une manière « aléatoire » une vingtaine de manifestants. Une dizaine a été libéré parce qu'innocente. « Mardi matin, les interrogatoires se poursuivaient encore avec dix autres personnes arrêtées dans les événements d'Imzouren », nous révèle Al Andaloussi. Le ton du communiqué et des déclarations des membres du bureau régional du PJD d'El Hoceima est pour une fois sévère car « ici, toutes ces actions-réactions commencent à nous faire peur. Il faut régler tout cela à l'amiable. Il ne faut absolument pas que cela dégénère. Si les manifestants sortent leurs griffes parce qu'ils sont, non seulement, victimes d'injustice sociale, mais aussi de la répression brutale de la police, alors là, il nous sera impossible d'arrêter leur rage ! », conclut Al Andaloussi.