Le taux de participation aux élections législatives marocaines du vendredi a atteint les 45,40 %. Al Adl wal Ihssane et le Mouvement du 20 février parlent d'une victoire et d'un vote-sanction. « 45,40% sur les 13 millions et demi qui étaient censés voter est une victoire pour nous, car cela nous fait, avec un simple calcul mental, quelque 6 millions de Marocains qui ont réellement voté, sur 21 millions de Marocains en âge de le faire», explique Abouaamar Tafnout, l'une des figures actives du M20F. Pour ce dernier, tout comme pour les adlistes, les chiffres sont non seulement faibles mais irréalistes. Hassan Benajeh, chef du bureau du porte-parole d'Al Adl, avance que « le taux de participation est un chiffre falsifié et nous ne sommes pas les seuls à le dire. Même les observateurs ont remarqué des irrégularités ». Certains membres du M20F avaient exprimé leur joie concernant la victoire du PJD. « C'est un parti qu'on respecte beaucoup pour son sérieux. J'espère que nous aurons tort d'avoir boycotté, même si je reste sceptique quant à leur idéologie », dit Tafnout. Al Adl, plus véhément, dénonce les mauvaises bases sur lesquelles se construit la politique du pays. « Il ne faut pas oublier l'amère vérité qui est que le M20F a fait plusieurs revendications et voulait voir naître une Constitution démocratique émanant de la voix du peuple. Rien de tout cela n'a été réalisé», dit Benajeh. Pour ce dernier, les chiffres ont été un fiasco. « Les élections ont été un chaos d'abstentions et le futur gouvernement ne gouvernera pas ! », ajoute-t-il. Manifestations aujourd'hui Mais, cet adliste ne nie pas le fait qu'il existe « forcément des bonnes volontés, mais ces dernières s'asphyxient à cause de la mauvaise foi de nos gouvernants ». «Je pense que les résultats des élections en faveur du PJD expriment un vote-sanction. Les gens ont choisi le ‘‘ moins pire'' des partis politiques», nous révèle Abouaamar. Nombre de Marocains pensaient que le M20F se calmerait après la montée du PJD. Mais les manifestants ne sont pas près de s'arrêter. « Si les choses vont de l'avant, nous allons le constater et l'approuver. On ne manifeste pas pour le plaisir, mais pour faire bouger la situation actuelle au Maroc », précise Abouaamar. Même son de cloche du côté d'Al Adl, avec un vocabulaire plus déterminé : « Nous avons décidé, avec le M20F, de persister dans nos manifestations. Et aujourd'hui, nous organisons des marches dans plus de 80 villes du royaume, afin d'exprimer notre refus catégorique des résultat», conclut Benajeh. Le gouvernement étant acquis, reste au PJD de (re)conquérir le cœur des boycotteurs…