Elle se présente comme «plus Rifaine et Européenne que Marocaine», affirme que le Maroc a «sous-estimés» les manifestants et déclare «ne pas avoir peur». Le média néerlandais Rtl Nieuws consacre dimanche un portrait à Bouchra Benhamou, l'une des figures néerlando-marocaines qui soutiennent la contestation dans le Rif. Les protestations qui secouent depuis plus de six mois Al Hoceima et sa région intéressent aussi la presse internationale. Le média néerlandais Rtl Nieuws a consacré dimanche un portrait à Bouchra Benhamou, Rifaine et Néerlando-marocaine, présentée comme l'une des figures de la contestation du Rif à l'étranger. Elle et d'autres Néerlando-marocains originaires du Rif se sont réunis ce week-end «dans une salle comble» à Madrid pour discuter des derniers événements à Al Hoceima et sa région au lendemain de la grève générale et la marche organisées au Maroc. Âgée de 40 ans, Bouchra Benhamou, originaire de Rotterdam, a réaffirmé la détermination des Rifains à poursuivre la contestation jusqu'à ce que leurs revendications soient satisfaites ; «Nous nous arrêterons lorsque nos demandes seront satisfaites», a-t-elle déclaré au média, qui la présente comme étant «plus Rifaine et Européenne que Marocaine». «Le Maroc nous a sous-estimés. Nous n'avons pas peur.» «Quand je me rend en Espagne en partant des Pays-Bas, rien ne me retient. Mais quand je pars au Maroc, je dois toujours montrer mon passeport marocain. Ils veulent juste montrer leur pouvoir», lance-t-elle, indignée. Tenir informée la diaspora établie aux Pays-Bas Plus loin, Rtl Nieuws revient sur le déroulement de la rencontre à Madrid de la diaspora marocaine originaire du Rif. Des présentations et des comptes rendus en néerlandais, «car tout le monde ne parle pas bien l'arabe ou le berbère», explique Bouchra Benhamou qui, avec un autre compatriote, tient le rôle de coordinateur de l'information pour tenir informée la diaspora établie aux Pays-Bas. Sur la protestation à Al Hoceima, le média rappelle que «des manifestations massives» se sont déroulées au Maroc, alors que «le gouvernement a promis qu'il apporterait une aide à la région du Rif». «Mais pour les activistes, ce n'est pas rapide», commente la même source. «Les autorités ont également laissé entendre que les manifestants seraient des séparatistes et que le soutien financier (à la mobilisation, ndlr) serait fourni depuis les Pays-Bas». De plus, le média ne manque pas de relayer les propos de Bouchra Benhamou sur Nacer Zefzafi, porte-parole de la «Mobilisation» ; «Pour la première fois, c'est un leader charismatique qui fait appel au peuple», confie-t-elle, disant ne pas «[s']attendre à ce que les manifestations s'arrêtent rapidement». La même source met aussi en avant le rôle des femmes dans la vague de protestations que connaît la région. «Contrairement à ce que l'on pense, beaucoup de femmes du Rif ont été les premières à se joindre» au mouvement, soutient Bouchra Benhamou. La Néerlando-marocaine, comme un autre compatriote, se chargent du rôle de coordinateur de l'information pour tenir informée la diaspora établie aux Pays-Bas. / Ph. Rtl Nieuws.nl Des propos qui amputent la «Mobilisation» de sa légitimité Ses propos qui risquent de nuire à l'image de la protestation à Al Hoceima et sa région, malgré l'assurance de Nacer Zefzafi qui avait mis l'accent sur le «droit légitime de manifester pacifiquement pour obtenir des revendications sociales», assurant que les protestants n'étaient pas des séparatistes. Il est à rappeler que l'hebdomadaire Jeune Afrique a rapporté, le 13 avril dernier, que deux entités basées au Pays-Bas et en Belgique «téléguideraient les manifestations qui secouent depuis plusieurs mois» la ville d'Al Hoceima et sa région. Citant une analyse confidentielle de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), le magazine a affirmé que l'ONG Agraw N'Arif et le Mouvement du 18 septembre pour l'indépendance du Rif ont «joué un rôle important lors des manifestations du 26 mars (attaque d'une résidence policière) et du 9 avril, distribuant banderoles, gilets fluorescents et portraits d'Abdelkrim El-Khattabi». Agraw N'Arif avait par la suite rejeté «fermement toutes les accusations non fondées de la DGST par rapport à son implication présumée dans les affaires du mouvement Al Hirak au Rif», a indiqué l'ONG dans une mise au point adressée à Jeune Afrique. Et Agraw N'Arif de conclure en dénonçant une «tentative» de diaboliser les protestations d'Al Hoceima.