La Commission de l'environnement du Parlement européen a voté un amendement imposant l'étiquetage des viandes abattues rituellement. Elle met un terme provisoire à une longue bataille de lobbying entre les associations de défense des anmiaux et les associations juives et musulmanes. Les juifs et les musulmans ont perdu en la première manche. Désormais, en Europe, les bêtes abattues selon les rites religieux musulman et juif devraient porter l'étiquette «abattus sans étourdissement», relève Al Kanz. La Commission de l'environnement du Parlement européen a voté, mardi 19 avril, un amendement imposant l'étiquetage des viandes abattues rituellement. Ce vote en deuxième lecture rentre dans le cadre de la modification du projet législatif de la santé publique et de la sécurité alimentaire. Il siffle la fin de la première manche d'un long affrontement entre les associations de défense des animaux, d'une part, et les musulmans et juifs, d'autre part : les défenseurs des animaux ont gagné. Défense des animaux contre exercice du culte Depuis plus de trois ans les associations de défense des animaux réclamaient l'interdiction de l'abattage rituel. Une telle décision aurait mis un terme à la dérogation dont jouissent les cultes musulmans et juifs sur cette question. «Les députés approuvent le principe selon lequel les animaux doivent être abattus uniquement à l'aide de méthodes assurant une mort instantanée ou après étourdissement, sauf dans le cas des rites religieux pour lesquels ils demandent le maintien de l'exception générale actuelle au lieu d'une possibilité de dérogation à établir au niveau national», stipulaient les députés européens, en avril 2009. Selon les associations de défense des animaux, l'abattage des bêtes selon le rite musulman halal et les règles juives de la cacherout, sont condamnables parce qu'ils interdisent l'étourdissement préalable de l'animal et sont trop douloureux pour être tolérés. Le lobbying du collectif d'associations, dont la Fondation Brigitte Bardot a été intense pour demander l'interdiction de l'abattage rituel. Une campagne d'affichage avait même été réalisée à Lyon. A défaut d'une interdiction immédiate, le collectif réclamait un étiquetage clair. Il l'a obtenu. «En outre, la viande provenant d'animaux abattus sans étourdissement (conformément à certaines traditions religieuses) devrait être étiquetée comme telle [...]», souligne le communiqué de la Commission de l'environnement du Parlement européen. Une perte possible pour les industriels Cette décision porte un enjeu économique et politique qui va au-delà de la simple violence sur les animaux. Outre la stigmatisation indirecte mais évidente des deux religions, le risque existe de voir les consommateurs qui ne sont ni juifs ni musulmans se détourner de ces viandes. Les députés européens ont «modifié le projet de législation européenne en vue de garantir que les étiquettes soient lisibles, n'induisent pas en erreur et fournissent les informations nécessaires aux consommateurs pour effectuer des choix», continue le communiqué de la Commission. «Si demain les industriels doivent étiqueter la viande, ils renonceront à faire du halal et du casher», craignait Kamel Kabtane, recteur de la grande mosquée de Lyon, sur LyonCapitale.fr, en janvier 2011. En effet, un grand nombre de bêtes abattus selon ces rituels rentrent ensuite dans le circuit de boucherie traditionnel. C'est particulièrement le cas pour la cacherout juive qui exclue de la consommation un grand nombre de pièces de l'animal. Selon le site Al Kanz, la décision européenne pourrait toutefois être bénéfique aux musulmans pratiquants à défaut de l'être pour les industriels. «En les obligeant à plus de transparence, l'Union européenne devrait mettre un coup de frein à la généralisation du faux halal», explique le site. Des négociations devront être entamées afin de conclure un accord en deuxième lecture avec le Conseil avant le vote du Parlement en plénière prévu en juillet. La décision de la Commission n'est dont pas définitive.