Tensions en perspective entre Mohamed Hassad et les conservateurs. Et pour cause, deux jours après sa prise de fonction en tant que ministre de l'Education nationale, il a ordonné à un haut cadre du ministère de se réunir avec le bureau de l'Association marocaine des enseignants de la philosophie. Au cœur des discussions la révision de certains manuels de l'éducation islamique hostiles à la philosophie. Mohamed Hassad fera-t-il de la révision des programmes de l'éducation islamique une priorité ? C'est du moins ce qu'affirme l'Association marocaine des enseignants de philosophie dans un communiqué diffusé sur sa page Facebook à l'issue d'une réunion tenue, le 7 avril, entre son bureau et le directeur des programmes au sein du ministère. D'emblée l'ONG assure que la rencontre en question était une initiative de la tutelle. C'est dire l'importance qu'accorde le département Hassad aux observations et critiques de l'AMPE sur certains manuels scolaires de l'éducation islamique à l'origine d'une vive polémique durant les derniers mois entre modernistes et conservateurs. L'Association indique que les discussions se sont déroulées dans de bonnes conditions. Elle s'est réjouie que le représentant du ministère ait «partagé» la position de l'AMPE sur la «nécessité de réviser» certains passages dans des livres de l'éducation islamique qu'elle estime hostiles à la philosophie. La réforme de l'éducation islamique sera-t-elle lancée par Hassad ? Les griefs des enseignants concernent, entre autre, le module destiné aux élèves de la première année du baccalauréat intitulé : «La philosophie et la foi» accusant les philosophes d'être les «frères de Satan». La réunion entre le bureau de l'AMPE et le directeur des programmes au sein du ministère de l'Education nationale marque un tournant, d'autant que sous Rachid Belmokhtar les relations étaient tendues entre les deux parties. L'ancien ministre avait pris position en faveur de l'œuvre accomplie par les rédacteurs des manuels de la 1er année du baccalauréat. Et de la qualifier, dans une interview accordée, début février, au site du quotidien français Le Monde, de «travail important que je ne laisserais pas mépriser. Il est possible que le curriculum actuel présente quelques imperfections, mais cela reste marginal». Mohamed Hassad semble avoir une autre vision mais qui risquerait d'envenimer davantage les relations entre le nouveau ministre et les milieux conservateurs, notamment le PJD. Pour mémoire, la Lampe avait soutenu les appels condamnant le projet de baptiser la dicsipline d'«éducation islamique» en «éducation religieuse».