Le projet de révision des manuels scolaires religieux divisent les modernistes et les islamistes. Après une période de silence, ces derniers passent à l'action. La guerre des tranchées entre les deux tendances est lancée. Le 6 février à Laâyoune. A l'issue d'un conseil des ministres historique, le roi Mohammed VI a ordonné aux ministres de l'Education nationale et des Affaires islamiques d'entreprendre une révision des programmes et manuels scolaires des matières religieuses dans les écoles publiques, privées et l'enseignement originel. Une réforme en vue de promouvoir les valeurs de l'islam tolérant du juste-milieu qui prône la cohabitation avec les autres religions et cultures, dans le cadre du rite sunnite et malékite, a insisté le souverain. Les modernistes passent à l'action Des associations modernistes se sont félicitées de l'initiative royale. Elles ont vite saisi l'opportunité pour remettre au goût du jour des revendications, remontant à 2003. Elles estiment que les instructions royales appuient fermement leurs demandes d'épurer les manuels d'éducation islamique de tous messages de «haine», d' «antisémitisme» et de «radicalisation». C'est dans ce contexte que la semaine dernière l'ONG Baït Al Hikama a organisé à Casablanca une conférence sur le droit des Marocains à la liberté de conscience. Une question qui était au cœur d'une vive polémique entre laïcs et conservateurs à l'heure de la rédaction du projet de constitution en 2011. Mais depuis le sujet a disparu de l'actualité marocaine avant de réémerger suite à l'appel royal. Les islamistes tentent de rattraper leur retard L'intervention royale a semble-t-il pris les islamistes au dépourvu si on en croit leur réaction tardive. Un silence que le Mouvement unicité et réforme a brisé seulement ce mardi 23 février, avec la publication d'un communiqué par son conseil exécutif. Prudent, le MUR demande à ce que la révision soit menée exclusivement par les «spécialistes», c'est-à-dire les oulémas, «sans isolement et repli sur soi ou aliénation et suivisme de l'autre». La matrice du PJD affirme par ailleurs que la révision à venir doit impérativement respectée les «fondements de la oumma». En phase avec la position de son organisation, Ahmed Raissouni a défendu bec et ongles le maintien de l'éducation islamique dans les manuels scolaires. «Cette matière n'a jamais produit un seul terroriste. Je défie n'importe qui d'apporter un contre-exemple», a-t-il lancé, dans un entretien accordé à un site salafiste, proche de Mohamed Maghraoui, à l'adresse des parties réclamant une interdiction de l'enseignement des matières religieuses. Ce débat entre les deux tendances promet de nouvelles empoignades, et ce à mesure qu'on s'approche de la nomination de la commission qui devrait superviser la révision des programmes de l'éducation islamique. Avant les années 80 Ce n'est qu'au milieu des années 80 que l'enseignement de l'éducation islamique a commencé dans les collèges et lycées du public et du privé. Auparavant, il n'y existait pas sauf dans l'enseignement originel. Une introduction qui a fait face à des problèmes à ses débuts. En effet, faute de cadres formés dans cette discipline, le ministère de l'Education nationale eu recours à des enseignants d'arabe et de philosophie pour combler le vide. Ce n'est que vers la fin des années 80 que le premier groupe des lauréats des universités de la section des études islamiques a pris la relève.