L'annonce de la composition du gouvernement de François Bayrou, à la suite de son investiture par Emmanuel Macron, a suscité des réactions mitigées en France et au-delà. Entre scepticisme et résignation, la classe politique française dénonce un remaniement aux allures de recyclage politique, tandis qu'au Maroc, la question se pose : quelle place pour Rabat dans les priorités du nouveau gouvernement français ? Du neuf avec du vieux ? Peut-être, mais... L'annonce du gouvernement Bayrou, avec deux ex-Premiers ministres, censée incarner une nouvelle impulsion politique pour Emmanuel Macron, a fait l'effet d'un pétard mouillé. L'accueil glacial des principaux partis, les critiques acerbes des observateurs politiques et une opinion publique lassée par les querelles de clocher laissent planer de sérieux doutes sur la capacité de cette équipe à durer. Mais, François Bayrou, vieux routier de la politique, n'a jamais été étranger aux tempêtes. Alors, ce gouvernement pourra-t-il tenir le cap ou sombrera-t-il dans les tourments d'une France politiquement fracturée ? Le temps joue contre François Bayrou. Les impatiences de l'opinion publique et l'extrême polarisation du débat politique en France rendent chaque faux pas potentiellement irréversible. L'annonce de la composition ministérielle a mis en lumière des querelles d'ego et des tensions internes dans une France où le climat politique est aussi imprévisible qu'un ciel d'orage. Rien n'est garanti. François Bayrou, malgré son aura d'homme d'expérience, apparaît comme un chef d'orchestre contraint de diriger une symphonie en sourdine. Chef de file du MoDem et allié de longue date de Macron, Bayrou incarne une continuité politique et un manque de renouvellement qui irrite à gauche comme à droite. Les critiques se multiplient, qualifiant son équipe de « gouvernement des seconds couteaux » ou d'un « club de fidèles sans vision claire ». Si cette configuration politique fragilise Macron sur le plan interne, elle pourrait également compliquer la gestion des relations bilatérales, notamment avec le Maroc, qui entretient avec Paris une dynamique diplomatique complexe et exigeante. Le Maroc, un acteur clé dans une stratégie élargie Traditionnellement, le Maroc a toujours été une priorité de la diplomatie française en Afrique du Nord. Cependant, ces dernières années, des tensions ont émergé, alimentées par des divergences sur des dossiers sensibles tels que le Sahara marocain et les relations entre Rabat et Tel-Aviv. Emmanuel Macron, lors de sa récente visite à Rabat, avait tenté de réchauffer ces relations, réaffirmant le soutien de la France à la souveraineté marocaine sur le Sahara. Le gouvernement Bayrou devra clarifier sa position sur ces dossiers stratégiques. La coopération sécuritaire, les investissements économiques et les échanges culturels demeurent des piliers des relations bilatérales, mais des ajustements seront nécessaires pour répondre aux attentes marocaines d'un partenariat plus équilibré. Au-delà des apparences, l'arrivée de François Bayrou au poste de Premier ministre pourrait offrir des opportunités inattendues pour Rabat. Proche du centre de l'échiquier politique, Bayrou est connu pour son pragmatisme et son intérêt pour le dialogue interculturel. En cela, il pourrait être un interlocuteur privilégié pour renforcer des partenariats stratégiques dans des secteurs clés, tels que l'éducation, la transition énergétique ou encore la gestion migratoire. Cependant, le défi pour Bayrou sera double : convaincre une opinion publique française lasse des compromis politiques, tout en rassurant ses partenaires internationaux sur la continuité de la politique étrangère française. Une tâche ardue, surtout dans un contexte dans lequel les fractures internes dominent l'agenda. L'importance stratégique de Rabat, une des priorités claires du Maroc Pour Rabat, les priorités sont claires : maintenir la France comme un partenaire de premier plan tout en diversifiant ses alliances. Si Paris reste un acteur stratégique, notamment en matière économique et sécuritaire, le Royaume a également renforcé ses liens avec d'autres puissances comme les États-Unis et la Chine. Ce repositionnement pourrait servir de levier pour négocier un partenariat plus avantageux avec la France, en mettant l'accent sur les intérêts partagés plutôt que sur une relation asymétrique héritée du passé colonial. Si le gouvernement Bayrou donne effectivement l'impression de réchauffer des plats déjà servis, il serait prématuré de juger son impact sur les relations franco-marocaines. Le pragmatisme du nouveau Premier ministre et l'importance stratégique de Rabat dans la politique française pourraient transformer cette apparente continuité en une opportunité de redéfinir les bases d'une coopération mutuellement bénéfique. Le Maroc, de son côté, reste attentif et prudent, sachant que le véritable test des intentions de Paris ne se jouera pas dans les discours, mais dans les actions concrètes sur des dossiers épineux comme le Sahara marocain ou les enjeux migratoires. En attendant, Rabat semble avoir appris à jongler avec les impatiences de ses partenaires européens, tout en s'affirmant comme un acteur incontournable sur l'échiquier international.