Le Maroc passera-t-il à l'heure d'été cette année ? Si oui, quand cela aura-t-il lieu ? Comment cela se passera-t-il pendant le mois de ramadan ? Autant d'interrogations qui restent, jusqu'ici, sans réponses. Plusieurs années après sa suppression, l'heure d'été a été réinstaurée au Maroc le 1er juin 2008. Initialement prévue du1er juin au 28 septembre, l'heure d'été avait pris fin le 1er septembre, à la veille du Ramadan. L'année suivante, elle s'étalait sur la période allant du 1er juin au 21 août, précédant ainsi de 24 heures le mois sacré. En 2010, dès le 2 mai, le Maroc passait à l'heure d'été. Celle-ci a pris fin le 8 août, trois jours avant le début du jeûne. Economie de ressources énergétiques... Pour des raisons d'économie d'énergie, plusieurs pays appliquent le changement horaire. Le Maroc s'inscrit d'autant plus fortement dans cette logique qu'il importe plus de 90% de ses besoins énergétiques. La très forte hausse de la consommation d'énergie pendant les quatre premiers mois de 2008 a été l'élément déclencheur du passage à l'heure d'été au Maroc. Il avait permis de réaliser une économie d'énergie de 80 MW, soit la consommation électrique d'une ville comme Meknès. Le passage à l'heure d'été, cette année, serait d'autant plus urgent que le budget de l'Etat est actuellement insuffisant pour financer les besoins énergétiques, confiait M. Saïd El Oufir, directeur des combustibles et des carburants au ministère de l'Energie dans une interview accordée à Reuters. Par ailleurs, la hausse du prix baril de pétrole, depuis le début de l'année, accentue le besoin d'économies. Le Maroc n'est pas le premier à faire face à ce genre de difficultés. En France, c'est le choc pétrolier de 1973 qui a poussé le gouvernement à rétablir l'heure d'été. Elle est en vigueur du dernier dimanche de mars au dernier dimanche d'octobre, comme dans la majorité des pays européens. Tout y est bien organisé, contrairement au Maroc. Pour cette année, c'est encore le flou Le Royaume ne dispose pas encore d'un système bien défini. Jusqu'à présent, les choses sont encore faites dans l'incertitude. Le ministre de la Modernisation des Secteurs Publics, Mohamed Saâd El Alami, a expliqué que ces trois dernières expériences constituaient un «test», dans une interview accordée à l'hebdomadaire Actuel, en février dernier. Cependant, nous sommes au mois de mars et aucune décision n'a encore été prise. Le chef de division de la Certification des procédures et usagers, M. Mohamed Nacim, confirme les trois scénarios évoqués par le ministre. Le premier porte sur l'adoption de l'heure GMT+1 sur toute l'année. Le deuxième consiste à s'aligner sur l'UE, c'est-à-dire, avoir une heure d'hiver et une heure d'été. Le troisième repose sur l'idée de revenir à l'heure d'hiver dès le Ramadan, dans le souci de prendre en considération le contexte socioculturel marocain. «Nous n'avons encore rien décidé, car il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte. Une fois que nous l'aurons fait, nous présenterons notre décision au Conseil du gouvernement», ajoute M. Nacim. La question de l'établissement d'un «système définitif» est complexe dans le contexte d'un Maroc partagé entre mondialisation et contrainte religieuse. Les accords internationaux multipliés par le Royaume ces derniers temps, pour des raisons économiques, vont certainement influencer son choix parmi les différents scénarios. Difficile choix Primo : l'adoption de l'heure GMT+1 sur toute l'année. Cette option serait bénéfique pour le Maroc dans ses rapports avec ses partenaires commerciaux mais le problème du Ramadan ne sera pas résolu : lorsque le jeûne sera en plein été les journées seront plus longues et les nuits plus courtes. Secundo : le modèle UE (heure d'hiver et heure d'été). Une alternative également avantageuse dans le cadre de l'accord de libre échange entre le Royaume et l'UE. Elle créerait une constance, tout au long de l'année, dans le décalage horaire entre les deux parties. Un avantage pour les affaires, mais là encore la donne religieuse n'est pas réglée. La question du ramadan en été susciterait certainement le mécontentement des Marocains, comme ce fut le cas en Tunisie en 2008. L'idée selon laquelle l'heure d'été pouvait être maintenue pendant la période de jeûne avait divisé les Tunisiens et depuis, la Tunisie n'est plus passée à l'heure d'été. Tercio : le break dès le mois de ramadan. Si le Maroc adopte ce scénario, le peuple sera le plus satisfait. Cependant, le Maroc ne pourra pas réellement optimiser ses économies d'énergie, lui qui en a tant besoin, vue sa dépendance énergétique. L'Egypte a déjà mis en œuvre ce scénario. A cinq mois du début du Ramadan, l'incertitude est totale quant à la possibilité d'un changement horaire cette année. A la question de savoir quel est le point fondamental qui rend difficile l'adoption d'un système définitif, le ministère répond qu'il n'y en a aucune. Pourtant, la difficulté apparait clairement. Comment établir un système qui permette au Maroc de se positionner vis-à-vis de ses partenaires commerciaux, mais aussi satisfaire le peuple marocain ? Cet article a été précédemment publié dans Yabiladi Mag n°5