Ce Dimanche à 02h00, les Marocains devront avancer leurs horloges d'une heure, et du coup le Royaume passera à GMT+1. Ce changement, approuvé en Conseil de gouvernement inquiète, dérange, ou carrément indiffère. Ce changement, perçu «officiellement» comme une mesure nécessaire pour la bonne gestion des affaires et de la consommation énergétique au Maroc, ne manquera pas de bousculer certaines habitudes, et d'aucuns se plaignent même d'un dérèglement biologique. Pour ses partisans, le passage à l'heure d'été aura certainement des retombées positives sur l'économie nationale et la rationalisation des dépenses en énergie, en particulier électrique à travers une exploitation optimale des rayons solaires et la réduction de la durée d'éclairage public et des ménages. De même, il favorisera une réduction de l'écart avec les partenaires économiques régionaux et internationaux du Maroc. «Le bilan de l'horaire d'été depuis 2008 est positif. Ce petit geste de réglage de montre ces dernières années, permet de minimiser le taux de la consommation d'une moyenne de 140 MW/j, c'est-à-dire le besoin de consommation, en heure de pointe, d'une ville de la taille de Meknès ou Tétouan», explique à la MAP Ahmed Laamouri, directeur de la Modernisation de l'administration au ministère de la Modernisation des secteurs publics. Pour lui, outre le gain énergétique qui est de taille vu que le Royaume importe de plus en plus ses besoins en énergie, «le passage à l'heure d'été favorise également une meilleure proximité avec nos partenaires économiques, notamment européens, permet de dégager un temps de loisirs pour les citoyens et d'adapter les heures d'activités avec celles d'ensoleillement». Si le citoyen lambda ne se formalise pas de ces détails techniques, il est tout de même content de ne pas faire face à des coupures fréquentes d'électricité dans les heures de pointe, mais également de disposer de journées plus longues. «Je ne vois pas pourquoi le sujet dérange autant. Le passage à l'heure d'été me permet de disposer de plus de temps pour me livrer à des activités pour lesquelles je ne peux pas me consacrer en temps normal», assure Salah, employé dans le secteur privé. Pour lui, les troubles de sommeil invoqués par certains restent très relatifs. «Il suffit de dormir une heure plus tôt. Finalement le seul effet que ça pourrait avoir, est plutôt psychologique», estime-t-il. A cet égard, M. Laamouri précise que l'évaluation des précédentes expériences a montré qu'au terme d'une petite période d'adaptation de +l'heure biologique+, qui demeure en effet nécessaire, les effets positifs de cette mesure se font ressentir. «D'où, a-t-il dit, la décision d'adopter ce système de manière régulière et permanente». Dans la même foulée, le responsable rappelle que le ministère a lancé une étude entre fin 2010 et début 2011, au cours de laquelle trois scénarii ont été examinés. Il s'agissait, a-t-il expliqué en substance, de maintenir le GMT+1 tout au long de l'année, pratiquer l'horaire d'été de fin mars à fin octobre, ou encore l'instaurer en tenant compte des spécificités géographiques et socioculturelles du Royaume, notamment l'avènement du mois sacré de Ramadan, et le choix a été porté sur le 3è scénario qui répond le mieux aux caractéristiques de la société marocaine. L'étude a porté sur un large échantillon représentatif comprenant des fonctionnaires, des étudiants, des opérateurs économiques publics et privés et des associations professionnelles, a-t-il relevé. Revenant sur le volet économique, M. Laamouri souligne que le Maroc, pays pionnier dans le domaine de l'Offshoring, «qui absorbe une importante proportion de chômage», gagne à réduire l'écart de temps avec ses partenaires économiques. Sur la même lancée, Hamid Belfdil, directeur du Centre d'investissement du Grand Casablanca, affirme que les retombées économiques positives de cette mesure «sont indéniables». «Le gain est d'autant plus important, a assuré M. Belfdil, que l'adoption de ce système de manière permanente et régulière, permettra aux opérateurs économiques de réduire l'écart horaire et de planifier à long terme leurs échanges avec les partenaires historiques». Et de conclure que cette mesure ne peut qu'être bénéfique en dépit des petits désagréments qu'elle peut causer au citoyen. Toutefois, pour les détracteurs de +l'heure à ajouter+, le problème est plus complexe. «Je suis contre ce passage à l'heure d'été car cela casse le rythme biologique de mes enfants... et le mien par la même occasion», s'insurge Houda. R, professeur. «Après plusieurs expériences, certains pays ont décidé de renoncer au changement d'heure, et ils ne s'en portent pas plus mal», argumente-t-elle, se plaignant de devoir, à chaque fois, «reprogrammer toute l'électronique, les montres, les GSM etc». Si ce changement est vécu avec autant de passion en ville, en milieu rural, sa portée n'est pas perçue avec la même acuité. «Il faut quand même se dire que le changement d'heure ne concerne qu'une petite partie des actifs urbains, et qu'une grande frange des Marocains ne se sent pas concernée, car leur vie demeure rythmée par le lever et le coucher de soleil, et les heures de prière», avance Saïd, agriculteur. Au-delà des opinions favorables ou défavorables, il n'en demeure pas moins sûr que le passage à l'heure estivale, initialement prévu pour fin mars avant son décalage d'un mois, a fait l'objet de discussions approfondies pour pouvoir réaliser les objectifs économiques escomptés, sans pour autant bousculer les habitudes des citoyens. Le report du passage à l'heure d'été a été décidé après plusieurs débats concernant des propositions appelant à prendre en considération les impératifs de la scolarité, avait précisé le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement après l'adoption du projet de décret. A ce propos, le directeur de l'Académie régionale de l'Education et de la formation du Gharb Chrarda Beni Hssen, Abdellatif El Youssoufi, affirme que lors des expériences précédentes, aucune perturbation n'a été enregistrée au niveau de la scolarité des apprenants, à tous les niveaux et aussi bien en milieu urbain que rural. Avancer les horaires de classe d'une heure, permet aux élèves de bénéficier de davantage de temps pour les loisirs et les préparations, notamment en période d'examen, rappelle-t-il. Il a fait observer que le passage à l'heure d'été s'est effectué, ces deux dernières années, à la veille des examens et n'a, d'aucune manière, handicapé les étudiants. Se disant convaincu des effets positifs de cet aménagement horaire, M. El Youssoufi a souligné que les différents départements de l'enseignement sont disposés à gérer les cas spécifiques qui peuvent se présenter, notamment en milieu rural. «Les responsables, chacun à son niveau, ont toute la latitude, en cas de nécessité, d'adopter la formule horaire qui sert au mieux les intérêts des apprenants», a-t-il assuré. Que l'on soit pour ou contre, le passage à l'heure d'été sera désormais une mesure usuelle annuelle. La bonne nouvelle pour les uns et les autres, est que l'heure habituelle fera son retour pendant le mois de Ramadan, pour permettre d'avancer la rupture du jeûne. Le retour définitif à l'heure légale au titre de 2012, s'effectuera lui, le dernier dimanche du mois de septembre.