Alors qu'elle n'avait jamais relayé les manifestations, la MAP a publié un communiqué selon lequel trois des organisateurs auraient annulé l'appel à manifester le 20 février. Une information partiellement fausse puisqu'un des organisateurs mentionnés a démenti. D'autre part, les acteurs associatifs et d'autres organisateurs ont maintenu leur appel. Certains affirment que leurs comptes Facebook ont été piraté. Le risque de désinformation grandit. Deux communiqués de la MAP l'ont affirmé samedi 19 février : le "Mouvement liberté et démocratie maintenant au Maroc" aurait annoncé l'annulation de son soutien aux manifestations du 20 février 2011 au Maroc. Cette annulation aurait été annoncée par un communiqué signé par trois des initiateurs, Rachid Antid, Ahmed Qatib, et Hicham Ahalla. Ce dernier aurait cependant nié toute annulation. Sur sa page Facebook, il a explicité que ce communiqué ne le représentait pas. La MAP n'y fait pas allusion, et reprend plutôt Rachid Antid alias Rachid Spirit-Zata, qui aurait affirmé que l'annulation aurait été "favorablement accueillie par les jeunes". Evaluation toute aussi relative, au vu des commentaires sur le groupe Facebook, où à côté des félicitations pour l'annulation, de nombreux internautes affirment leur soutien au mouvement par des messages clairs du style "Vive la marche du changement". Dans la nuit du 20 février, le nombre d'inscrits dans le groupe Facebook n'a d'ailleurs que légèrement baissé (une vingtaine tout au plus). Une personne ne peut pas annuler les manifestations Dans son premier communiqué à ce sujet, la MAP titre que ce groupe Facebook "annule la manifestation de dimanche". Troisième exagération. Contactée par nos soins, Khadija Ryadi, présidente de l'Association marocaine des droits humains (AMDH) a réaffirmé que les associations signataires de la déclaration de soutien aux manifestants persistaient dans leur position. Côté jeunes, il est à noter que le groupe "Mouvement liberté et démocratie maintenant" n'était pas le seul à appeler aux manifestations. Les "Jeunes du 20 février", à l'origine de messages vidéos et présents dans une conférence de presse tenue jeudi 17 février, compte à ce jour presque deux fois plus de membre dans son groupe Facebook (16 020, contre 8991 le 20 février à minuit heure de Paris). Ce groupe semble d'ailleurs plus structuré et très actif dans la préparation des manifestations dans différentes villes. Entre autres, un service de communication avec la presse a été mis en place. Mais les jeunes à la tête de ce mouvement craignent les interférences par des opposants aux manifestations dans leur préparations, affirme Khadija Ryadi de l'AMDH. Une crainte qui n'est pas sans fondement. Tahani Madmad, une des portes-parole des jeunes du 20 février, aurait vu son compte Facebook piraté dans le courant de la semaine. De même Mohamed Aouni, président de la Coordination marocaine de soutien aux peuples, qui affirmait aujourd'hui que de son compte Facebook, des messages avaient été envoyés disant qu'il ne soutenait plus les manifestations. Rachid Spirit-Zata, l'arnaqueur devenu chantre de l'indépendance du mouvement des jeunes Autre fait marquant à la veille des manifestations, l'importance accordée par la MAP à Rahid Antid alias Rachid Spirit-Zata (pseudonyme Facebook). Cette personne a fait l'objet d'innombrables attaques lorsqu'il appelait encore à manifester le 20. Ces attaque avaient même été relayées par Guy Birenbaum sur les ondes d'Europe 1; Rachid Antit alias Spirit-Zata y a été dépeint comme vulgaire arnaqueur. Le site emarrakech.com l'a même décrit d'une manière à faire douter de son intelligence. Ce même Rachid Antid aurait été à l'origine du communiqué qui explique l'annulation du soutien de son mouvement aux manifestations en des termes très idéalistes. "Les tentatives de courants d'obédience islamiste et ceux proches de la gauche radicale à exploiter cette initiative pacifique et à lui conférer une charge idéologique que nous ne partageons pas" seraient à l'origine de ce revirement. "La non précision de tous les participants de leur identité politique et de leurs positions référentielles sur la monarchie marocaine en tant que système politique jouissant de l'unanimité nationale" serait la deuxième raison de l'annulation de cette manifestation, aurait précisé ce groupe de jeunes. Autres raisons : "la violation de l'engagement du principe de l'indépendance des mouvements du 20 février vis à vis des agendas extérieurs" et "le manque de visibilité de l'ensemble des institutions, partis et individus ayant tardivement rejoint l'appel du mouvement Jeunesse du Facebook". La formulation à de quoi faire rêver. "Agenda extérieur", on se croirait dans un communiqué d'un ministère. Rachid Spirit-Zata, l'arnaqueur, est donc devenu Rachid Antid, le chantre de l'indépendance des jeunes du Maroc. Les réseaux sociaux ont de toute façon très vite démenti la rumeur de l'annulation des manifestations. A croire que les autorités n'ont toujours pas compris l'ADN qui anime l'appel de la jeunesse : sans leader, dignité, conscience politique, et maillage en réseaux grâce à internet. Si Khalid Naciri estimait que le gouvernement était serein, ils viennent par cette petite tentative de manipulation de montrer aux yeux du monde, la panique qui les traverse.