Des revendications unifiées, des comités d'organisation, et un soutien de plus en plus ample de la part d'associations de droits humains et de partis politiques : le mouvement appelant à manifester le 20 février prend forme. Lors d'une conférence de presse, les organisateurs ont demandé à ce que l'expression des revendications soit respectée dimanche prochain, et à ce que les attaques personnelles à leur encontre cessent. Les manifestations du 20 février seront placés sous le signe de la dignité, explique Tahani Madmad, étudiante de 19 ans et une des organisatrices du mouvement des jeunes du 20 février. Lors d'une conférence de presse le 17 février au siège de l'Association marocaine de droits humains (AMDH) à Rabat, elle a énuméré les principales revendications du mouvement. Première revendication, l'élaboration et le vote d'une nouvelle constitution. Sans demander expressément une diminution des prérogatives royales ou l'instauration d'une monarchie parlementaire, Tahani Madmad explique que dans cette constitution, «chaque article doit correspondre au principe démocratique». Le mouvement appelle par ailleurs à une dissolution du gouvernement, du parlement et à la mise en place d'un gouvernement transitoire. Une justice indépendante, des procès pour dilapidation de biens publics, la reconnaissance de l'amazigh comme langue officielle au Maroc, la libération des détenus politiques, l'intégration des diplômés chômeurs dans la fonction publique et l'augmentation du SMIG sont les autres revendications clés du mouvement. Formulées de telle manière, ces revendications sont le fruit de discussions entre les différents éléments du mouvement, un effort pour trouver le plus grand dénominateur commun, affirme Tahani Madmad. Conditions opportunes pour des avancées des droits humains Le mouvement, qui se structure d'ailleurs en dehors du réseau Facebook et a mis en place différentes commissions sur le contenu et les aspects pratiques de l'organisation de la manifestations, a obtenu le soutien de plusieurs associations des droits humains au Maroc. Un débat ouvert avec les jeunes du mouvement a eu lieu vendredi dernier, une autre le 14 février entre organismes des droits humains au Maroc. Selon Khadija Ryadi, présidente de l'AMDH, les militants auraient compris qu'aujourd'hui, «des conditions opportunes pour réaliser des avancées dans les droits humains» seraient réunies. En dehors des signataires de la déclaration commune, d'autres associations soutiennent individuellement l'appel à la manifestation, comme par exemple Attac Maroc. Certains partis politiques ont également lancé l'appel à soutenir le mouvement ou à manifester le 20 février prochain, comme le PSU et La Voix démocratique (Annahj Addimocrati). Condamnation des attaques subies Durant la conférence de presse, les deux représentants du mouvement de jeunes, Tahani Madmad et Oussama El Khlifi, ont condamné les attaques qu'ont subies certains organisateurs des manifestations du 20 février, attaques qui ne se sont pas limitées à des commentaires sur Facebook. Eux-mêmes en auraient été victimes. Le compte de Tahani Madmad aurait ainsi été piraté et sa photo de profil changée. Oussama El Khlifi a expliqué que son père aurait été convoqué chez le préfet de police de Salé qui lui auraient demandé de convaincre son fils d'abandonner le mouvement, «sinon ils trouveraient des moyens de le faire à leur manière». El Khlifi a par ailleurs déploré l'attitude de certains médias marocains qui ferait écho aux attaques contre les jeunes du mouvement.