Les coordinations de lutte contre la cherté de la vie refont parler d'elle. L'AMDH veut redynamiser l'action de ces commissions qui sont depuis quelques années en hibernation. La Direction centrale de l'AMDH (Association marocaine des droits humains) mobilise ses troupes dans les différentes régions pour manifester massivement à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre la pauvreté, célébrée le 17 octobre de chaque année. L'ONG des droits de l'Homme décrète la semaine du 16 au 23 octobre, journées de la « lutte contre le chômage, la cherté de la vie et la pauvreté pour une vie digne » et appelle ainsi toutes les sections, près d'une centaine au niveau local, pour participer massivement à ces journées initiées sous le thème « Pas de dignité ni d'éradication de la pauvreté sans satisfaire les revendications du Mouvement du 20 février ». « Nous considérons que les revendications politiques des jeunes du Mouvement du 20 Février correspondent aux fondements d'un Etat de droit, qui garantit l'égalité des chances entre les citoyens, la transparence, la justice sociale…ce qui permet d'éradiquer la pauvreté. On ne peut pas éradiquer la pauvreté si il n'y a pas de démocratie, si les droits sociaux, économiques et culturels sont bafoués », déclare Khadija Ryadi, présidente de l'AMDH, au Soir échos. Au programme de ces journées ,figurent des activités de sensibilisation des citoyens sur leurs droits sociaux, économiques et culturels ainsi que des rencontres sur « les moyens communs à engager pour défendre ces droits fondamentaux ». A ce sujet, la redynamisation de l'action des coordinations de lutte contre la cherté de la vie et la décomposition des services publics refait surface. Créées en 2006 à l'initiative de l'AMDH, ces coordinations ont eu à cette époque un impact important sur la société avant d'entrer en hibernation. Depuis quelques années, on n'entend plus parler d'elles. Les intérêts politiques divergents des différentes composantes de ces coordinations prévalent sur l'intérêt social. « Les coordinations de lutte contre la cherté de la vie ont le mérite d'éveiller les consciences des citoyens sur leurs droits sociaux, économiques et culturels. Elles ont joué un grand rôle dans la société marocaine. Des mouvements comme celui « droit au logement décent » sont nés en s'inspirant de l'exemple des coordinations. Ces dernières ont contribué en outre à réduire le coût de la vie et à améliorer les services publics. Certes, aujourd'hui, elles ne sont pas aussi présentes qu'auparavant mais ses acteurs militent actuellement au sein du Mouvement du 20 février. Ce dernier a repris toutes les revendications des coordinations », poursuit Khadija Ryadi. Pourrait-on dire que le Mouvement du 20 février se substitue aux coordinations de lutte contre la cherté de la vie ? « Non », rétorque cette militante des droits de l'Homme avant d'ajouter : « On ne peut pas dire cela. Les coordinations de lutte contre la cherté de la vie sont devenues partie intégrante du Mouvement du 20 février. La réflexion est lancée pour redynamiser l'action de ces commissions. Le problème qui se pose est la répression que subissent ses militants. Les arrestations sont légion. On a l'exemple des militants de Bouarfa ». « On ne peut pas éradiquer la pauvreté si il n'y a pas de démocratie, si les droits sociaux, économiques et culturels sont bafoués ». Khadija Ryadi, présidente de l'AMDH Outre la répression policière, les intérêts politiques entre les différentes composantes de ces coordinations de lutte contre la cherté de la vie freinent l'élan de leur action sur le terrain. « Il y a des visions différentes. Certaines composantes des coordinations restent attachées à l'action sociale alors que d'autres préfèrent diriger l'action des cooridnations vers le politique. Mais, ces divergences ne représentent qu'un des facteurs qui ont conduit à la situation dans laquelle se trouvent ces coordinations », renchérit Khadija Ryadi, qui s'indigne du « manque d'une véritable stratégie nationale » pour lutter contre la pauvreté et le statu quo qui domine, celui de « l'économie de rente ».