C'est une toute autre tournure que prend l'affaire qui oppose environ 1 000 clients MRE et Européens au promoteur du projet immobilier Paradise Beach Resort à Tanger. Ce dernier aurait récemment entamé une grève de la faim, pour contester son inculpation. Une situation qui fait naitre de nombreuses interrogations parmi les clients qui se disent toutefois déterminer à se battre jusqu'au bout. Larbi Tadlaoui serait en grève de la faim, apprend Yabiladi de sources proches du dossier. Actuellement détenu, il aurait entamé sa grève la semaine dernière, d'après les mêmes sources, afin de contester son inculpation. Pour mémoire, Larbi Tadlaoui, gérant de la société de promotion immobilière Atlantic Beach Paradise (ABP), a été arrêté il y a deux semaines environ suite à la manifestation de MRE et Européens devant l'ambassade du Maroc à Londres qui réclamaient justice dans le cadre du projet immobilier Paradise Beach Resort à Tanger. Plus de 1 000 clients avaient en effet été séduits par ce projet présenté en 2007 avec la «garantie» de la collaboration de l'Etat via une convention signée avec le promoteur. Mais alors qu'ils devaient être livrés en 2011, cinq ans après, ils attendent toujours. Faire d'une affaire pénale une affaire civile Le 29 février dernier M. Tadlaoui devait être entendu par les juges, mais «l'audition a été ajournée à la demande de ses avocats», indique à Yabiladi Me Aziz Maghraoui, avocat du collectif des clients qui a médiatisé l'affaire. «Il y a des avocats qui essaient de politiser l'affaire. Ils veulent faire de cela une question d'opinion publique, une affaire civile alors qu'elle est pénale», affirme l'homme de droit, expliquant que les avocats du promoteur essaieraient de faire valoir qu'il n'est qu'un investisseur qui s'est retrouvé «bloqué à cause des problèmes avec Amendis». Pourtant, dans une réponse du fournisseur d'eau à l'Ambassade, Amendis expliquait que le promoteur ne l'aurait toujours pas payé depuis toutes ces années, alors qu'il s'agit d'une condition sine qua non à la fourniture de services. La tournure que prend l'affaire avec la grève de la faim du promoteur laisse perplexe le collectif de clients. «Je pense que de cette manière, il prépare sa défense, essaie peut-être d'impliquer d'autres personnes et d'attirer l'attention des médias pour ne pas être porté seul responsable», estime l'une des membres actives, Claire Panay, une française née au Maroc qui avait versé à M. Tadlaoui un acompte de 23 000 livres sterling, soit 331 500 dirhams. «Déterminés à nous battre» Face à la méthode du promoteur, le collectif se dit «déterminé à se battre pour récupérer les acomptes versés dans ce projet et faire toute la lumière sur cette affaire». Ils avaient prévu, à la base, de manifester à nouveau devant l'ambassade à Londres le 25 avril prochain. Après le coup de pouce de la représentation diplomatique, à laquelle ils expriment encore leur reconnaissance, ils avaient prévu d'annuler cette manifestation. Mais à présent, ils se disent «plus que jamais déterminés» à la tenir. Les clients insistent toujours sur la manière avec laquelle le gouvernement a géré cette affaire. D'autant plus qu'après la convention de 2007, l'«avenant prorogatif» a été paraphé le 2 avril 2015 par les actuels ministres de l'Economie, de l'Industrie ainsi que celui du Tourisme. Rappelant que le terrain sur lequel était réalisé le projet appartient à l'Etat, le collectif soulève plusieurs questions : «pourquoi le gouvernement a-t-il concédé ces terres à cette personne [Larbi Tadloui] sans auditer et suivre ce projet? Pourquoi le choix de ce promoteur? Pourquoi l'accord a t-il été signé à deux reprises par 3 ministres et la deuxième fois plus de 5 ans après la fin prévue des travaux? Où est passé notre argent ? Des mesures ont-elles été prises pour geler les biens du promoteur à Marbella ou il partage son temps avec le Maroc?». Leur avocat en revanche ne sourcille le moins du monde. Pour lui, la vérité finira par éclater si la justice fait «correctement» son travail. Et la grève de la faim de Larbi Tadlaoui ne saurait jouer en sa faveur. «A quoi sert la grève de la faim quand on est inculpé pour escroquerie ?», se demande Me Maghraoui. «Quand tu n'as rien fait, ok !, poursuit-il. Mais lorsque toutes les preuves t'incriminent, cela ne sert à rien. Les clients ont donné leur argent, il faut qu'il rembourse».