Ils l'avaient prévu, ils l'ont fait, en dépit des dernières promesses du promoteur pour une reprise des travaux fin janvier. MRE et Européens, tous investisseurs dans le projet immobilier Paradise Beach & Golf Resort, ont manifesté hier, lundi 25 janvier, devant l'Ambassade du Maroc à Londres. La représentation diplomatique, quant à elle, dit avoir fait le maximum et promet de continuer. «Honte à toi Maroc», «Restaurer la confiance des investisseurs», «Restaurer la réputation du Maroc», «Roi Mohammed VI, s'il vous plait aidez-nous à sauver les investissements»,… voilà quelques messages brandis par un collectif de MRE et Européens lundi 25 janvier entre 11 heures et 15 heures devant l'ambassade du Maroc à Londres. Ils ont distribué des tracts dans tout le quartier de l'Ambassade pour faire connaitre aux habitants et aux passants curieux leur situation. «Le personnel de l'ambassade nous épiait derrière les rideaux qui étaient légèrement soulevés par moment», déclare à Yabiladi Claire Panay, une Française née au Maroc qui a versé 23 000 livres sterling (soit plus de 300 000 dirhams) d'acompte pour l'appartement qu'elle attend depuis 5 ans dans le cadre du projet Paradise Beach & Golf Resort à Tanger. Pour rappel, ce projet a été lancé en 2007 après une opération de communication du promoteur, Atlantic Beach Paradise (ABP), à Londres. MRE et Européens avaient été séduits notamment par les garanties présentées dont le soutien de l'Etat, via une convention signée entre le promoteur et le gouvernement. Alors qu'ils devaient être livrés en 2011, les travaux n'ont plus avancé depuis et le chantier est resté presque abandonné. Une affaire qui relève du privé, selon l'Ambassade Malgré ces heures de manifestation, le collectif n'a pas été reçu par l'Ambassade. Ce qu'il juge «dommage». «Nous ne méritions pas cela. Nous aimons le Maroc. Nous voulons que justice soit faite, nous voulons que le Maroc protège les investisseurs de promoteurs véreux et que ceux-ci soient poursuivis», affirme Mme Panay. S'ils n'ont pas été reçus, les manifestants ont pu s'adresser à un responsable de la représentation diplomatique alors que celui-ci se dirigeait vers sa voiture. «Il nous a dit que l'ambassade a fait tout ce qu'elle pouvait dans cette affaire qui relève du domaine privé», explique Zakaria Maghraoui. «Nous lui avons dit que nous voulons l'intervention du roi, car il est la seule personne à pouvoir nous aider», ajoute-t-il, soulignant que leur interlocuteur a promis de voir ce que pourra faire la représentation diplomatique. Joint par nos soins, le responsable en question qui requiert l'anonymat, a reconnu : «malheureusement, le projet touche à l'image du pays et ce n'est pas bon pour la promotion des investissements et du tourisme notamment, d'autant plus que c'est une affaire qui a duré dans le temps». Revenant sur les efforts déployés par l'Ambassade «ces trois à quatre dernières années, il a promis que la diplomatie «continuera d'être à l'écoute de ces investisseurs. Portera-t-elle la doléance devant le roi Mohammed VI ? «Dans le pays, il y a des institutions et sa Majesté est la plus haute institution. Nous avons des chaines de communication. Notre hiérarchie c'est le ministère des Affaires étrangères. Une manifestation de ce genre ne peut rester sans suite. Il y aura forcément une remontée de l'information», dit-il, soulignant que ce n'est pas plaisant de voir dans les environs de l'Ambassade des messages du style «Honte au Maroc». Le promoteur n'aurait toujours pas payé Amendis depuis toutes ces années Depuis la semaine dernière, le collectif en sait un peu plus sur les dessous du rapport entre le promoteur et la société d'assainissement Amendis. Pour mémoire, ledit promoteur lui a fait endosser toute la responsabilité des retards de livraison. «J'insiste […] nous avions été nous aussi surpris. Au moment où nous engagions le projet, Amendis ne nous avait pas dit que les infrastructures étaient inexistantes. Nous nous en sommes rendus compte au moment où nous en avions besoin pour terminer le chantier», déclarait à Yabiladi Larbi Tadlaoui, gérant d'ABP. Cependant les informations reçues par l'Ambassade et transmises à Claire Panay disent autre chose. Une heure après la publication de notre article le 19 janvier dernier, la jeune dame en informe un responsable de l'Ambassade en y joignant le lien hypertexte. Ce dernier prend le temps de demander des explications à Amendis et le 22 janvier le diplomate transfère la réponse de la société à l'investisseuse française. «Aucun retard n'est imputable à Amendis, mais au promoteur [qui a pris] plus de 3 ans pour signer la convention», indique la société dans l'email dont Yabiladi détient une copie. Suite à un protocole d'accord signé entre Amendis, la commune, la wilaya en octobre 2011, explique la société dans son courriel à l'Ambassade, une convention spécifique aurait été adressée au promoteur pour le projet Paradise Beach le 2 février 2012. Mais il ne l'aurait pas signée pendant trois ans, ne répondant pas non plus aux relances d'Amendis. C'est seulement en décembre 2015 qu'il aurait finalement signé la convention. Mais jusqu'à présent, il n'aurait toujours pas payé, sans quoi, Amendis ne peut offrir le service. Nouvelles mobilisations Pourtant selon le promoteur, les travaux devraient reprendre à la fin de ce mois. Les investisseurs n'y ont jamais cru et entendent multiplier les actions. Au Maroc, leur avocat attend toujours que la plainte déposée en 2013 aboutisse. En attendant, le collectif prévoit une action au Salon de l'immobilier à Paris, ainsi qu'une nouvelle manifestation à Londres et une autre à Tanger l'été prochain. «Nous n'allons pas arrêter jusqu'à ce qu'on ait quelque chose. Beaucoup de gens aiment le Maroc et veulent bien y investir, mais ce genre de choses découragent», indique M. Maghraoui qui affirme avoir déjà évoqué l'affaire devant des médias internationaux, notamment BBC et Al Jazeera.