L'origine ethnique est le premier motif des plaintes pour discrimination à l'emploi en France, révèle le Défenseur des droits dans son rapport annuel publié hier, jeudi. Un type de discrimination qui reste cependant difficile à prouver. Sur 4846 plaintes pour discrimination reçues par le Défenseur des droits en 2015, plus de la moitié sont liées à l'emploi. Et parmi celles-ci, près de deux sur 10 concernent l'origine ethnique selon le rapport annuel d'activité de cette autorité constitutionnelle indépendante présenté jeudi 4 février. Ce qui fait inéluctablement de l'origine ethnique le premier motif de discrimination en France. De plus, les plaintes pour discriminations à l'emploi sur l'origine sont deux fois plus élevées dans le privé que dans le public. Selon le rapport, cette situation est davantage favorisée par le «contexte de chômage» que connait la France. «Si l'ampleur du phénomène est connue, la répression reste insuffisante pour avoir un impact significatif», indique l'institution. De plus, ces discriminations ne touchent pas uniquement les demandeurs d'emploi, mais aussi des salariés, quand il s'agit de promotion ou d'augmentation de salaire, selon la même source. Dans certains cas, le rapport évoque même la «violence sous forme de harcèlements », subie par des salariés de la part de leurs supérieurs hiérarchiques et des collègues. Et l'institution déplore la réaction des employeurs pas toujours proportionnelle à la gravité des faits. Les Maghrébins, victimes de préjugés Bien que le Défenseur des droits ait enregistré une hausse de 6,9% des plaintes pour discrimination par rapport à 2014, il estime l'«écart évident et important entre la réalité des discriminations et le nombre de réclamations ». Cependant, les discriminations à l'emploi sur l'origine restent encore difficiles à prouver. Les « résultats obtenus lors [des] instructions et enquêtes menées ne sont pas satisfaisants », note l'institution qui travaille à affiner ses méthodes dans le but de « renforcer l'accès » aux preuves. Le Défenseur des droits entend, pour ce faire, demander la conservation pendant cinq ans des archives des processus de recrutement. Commentant le rapport, Inès Dauvergne, responsable diversité du réseau IMS-Entreprendre pour la cité, a confirmé les préjugés persistants des managers quant aux demandeurs d'emploi d'origine étrangère, rapporte L'express. Ils sont «positifs envers les Asiatiques mais défavorables pour les Maghrébins», a-t-elle déploré. De son côté, le gouvernement semble résolu à voler au secours des milliers de candidats à l'emploi qui subissent des discriminations en raison de leur origine ethnique. Dans une interview accordée au Parisien, le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron a remis un vieux projet sur la table, prévoyant de «renforcer les pratiques de testing» avant fin mars prochain. Objectif : «pénaliser» les employeurs coupables. Hier, dans une tribune publiée sur Le Plus, la porte-parole du Parti socialiste, Corinne Narassiguin, penchait plutôt pour la création d'un ministère de Lutte contre les discriminations, vu l'ampleur de la situation.