Les discriminations subies par les enfants issus de l'immigration en France, notamment sur le marché de l'emploi ont toujours été une réalité mise en lumière par de nombreuses études. Un nouveau rapport traite la question de fond en comble et montre comment la crise aggrave la situation. Détails. «Les discriminations ethniques sont un facteur aggravant» des difficultés d'accès au marché de l'emploi pour les jeunes issus de l'immigration en France, et la crise a davantage accentué ce fait. C'est ce qu'indique le rapport «Jeunes issus de l'immigration : quels obstacles à leur insertion économique ?» de l'organisme France Stratégie, publié ce lundi 2 février. En effet, «un quart des immigrés et des descendants d'immigrés déclarent avoir vécu des discriminations au cours des cinq dernières années», souligne l'étude précisant que les comportements discriminatoires des employeurs ont pu être mesurés via des «testings». En pratique, la situation est devenue encore plus critique pour les enfants issus de l'immigration d'origine africaine, «malgré les mesures qui ont pu être prises successivement, tant en matière d'éducation que d'emploi», explique les auteurs de l'étude. Ainsi entre 2008 et 2010, le taux de chômage des jeunes d'origine maghrébine et subsaharienne a considérablement augmenté sur la période, atteignant les 35% en 2010. Pour les moins de 25 ans dont le taux de chômage a atteint 42 % en 2012 contre 22 % pour les descendants d'immigrés européens ou pour les natifs. Les Maghrébins, victimes de «sous-utilisation de leurs compétences» Sur le marché du travail, le cas spécifique des jeunes descendants d'immigrés maghrébins est éloquent. Ils sont en effet ceux qui connaissent «le plus fort écart entre le niveau de diplôme et la qualification du poste occupé», relève le rapport. Même sans tenir compte des effets de structure comme le diplôme, les fils d'immigrés venus du Maroc, d'Algérie ou de Tunisie «ont davantage de risque d'occuper un emploi peu qualifié ; ils éprouvent en outre un très fort sentiment de déclassement subjectif, c'est-à-dire de sous-utilisation de leurs compétences», expliquent les auteurs. Selon l'étude, la ségrégation professionnelle est également très forte chez les enfants d'immigrés maghrébins. Ils en effet beaucoup plus employés dans les métiers du social, du transport, ou encore de l'hôtellerie-restauration pour les jeunes femmes. La presse française s'attend à ce que le rapport de France Stratégie suscite le débat, surtout qu'il intervient à la veille de la réunion du comité interministériel sur l'égalité et la citoyenneté, prévu vendredi prochain. Mais en réalité, les discriminations dont sont victimes les enfants issus de l'immigration en France dans le cadre de leur insertion professionnelle sont constatées par plusieurs experts depuis plusieurs années. Et la réalité reste la même une fois sur le marché du travail. «Le système diffus de discrimination pèse sur la mobilité professionnelle des descendants d'immigrés maghrébins et subsahariens», expliquait à Yabiladi en 2012 Patrick Simon, chercheur associé au Centre d'études européennes de Sciences Po et membre de l'unité Migrations Internationales et Minorités à l'Institut National d'Etudes Démographiques (INED). Pour en finir avec cette gangrène sociale que représentent les discriminations à l'emploi, France Stratégie va se pencher sur la question et proposer ses recommandations au gouvernement français.