Abdelilah Bekirane continue de s'attirer les foudres des militants amazighs. Après les manifestations de ce week-end à Agadir pendant lesquels les portraits du chef du gouvernement ont été brûlés, le nouveau sujet de discorde concerne une proposition faite par Bekirane concernant l'officialisation de la langue amazighe. Le torchon brûle de nouveau entre le chef du gouvernement et des associations amazighes. Cette fois c'est la décision de Abdelilah Benkirane de mettre en place une simple adresse mail ([email protected]) pour recevoir les propositions des ONG berbérophones relatif au projet de loi organique de l'officialisation de la langue amazighe qui a mis le feu au poudre. Cette initiative est décriée par des associations réputées pour leur hostilité aux islamistes et leur proximité avec Israël. D'habitude pour les textes importants tels que l'opérationnalisation de l'article 5 de la constitution, le gouvernement met en place des commissions spéciales pour recueillir les opinions du tissu associatif. On peut prendre comme exemple le projet de loi portant création du Conseil des langues et cultures marocaine. Le ministère de la Culture qui chapeaute l'élaboration de la future instance avait en effet confié la présidence de ladite commission au directeur de la Bibliothèque nationale, Driss Khrouz. Des associations berbérophones et d'autres arabophones complètent son tour de table. Peu d'impact sur la popularité du PJD S'inscrivant dans une logique de rupture avec cette tradition, la présidence du gouvernement a lancé en effet sur son site web un appel aux ONG, acteurs associatifs et aux spécialistes pour. Elles devront envoyer leurs propositions et mémorandums relatif l'officialisation de la langue amazighe par courrier électronique entre 15 janvier et le 15 février 2016. Cette invitation est jugée tardive par les détracteurs de Benkirane. Pour mémoire, le groupe RNI à la Chambre des représentants avait déposé en ce sens, en août 2013, une proposition de loi. Le texte a été ensuite retiré à la demande des amis de Salaheddine Mezouar seulement cinq jours après leur entrée dans le gouvernement Benkirane II. Malgré les fréquentes campagnes contre Benkirane menée depuis des années par des associations amazighes résolument anti-islamistes, le PJD a enregistré de meilleurs résultats dans les circonscriptions où il y a un fort électorat berbérophone que ce soit au Moyen-Atlas, l'Anti-Atlas, au Rif et au Souss. Il semblerait que la véhémence des critiques de certains militants amazighs n'ait aucun effet.