L'opérationnalisation de l'officialisation de la langue amazighe accuse du retard. Le gouvernement Benkirane ne semble guère pressé pour l'adoption de la loi organique afférante. Pour sortir de cette impasse, la plus ancienne association amazighe au Maroc propose que le Palais, par le biais d'une commission royale, s'occupe de ce dossier. Le 1er juillet prochain, la constitution marocaine fêtera ses trois années d'existence, alors que d'importantes lois organiques ne sont pas encore adoptées. C'est le cas, notamment, de l'opérationnalisation de l'officialisation de la langue amazighe. Un retard qui interpelle le tissu associatif berbérophone. Ainsi, la plus ancienne ONG, l'Association marocaine de recherche et d'échange culturel travaillant dans ce domaine depuis 1967, de surcroît très connue pour ses positions modérées, a proposé de retirer ce dossier des mains du gouvernement Benkirane et de le confier à une commission royale, créée à cet effet. «C'est le seul moyen d'éviter d'entrer dans de probables conflits», a estimé l'AMREC dans un communiqué. L'AMREC craint les effets négatifs de la politisation de la question amazighe L'association, dirigée depuis sa naissance par Brahim Akhayat et qui comptait parmi ses membres Ahmed Boukous, actuel recteur de l'IRCAM et Ahmed Assid, également membre de cet institut, craint que l'officialisation de la langue amazighe ne soit «la première victime» de surenchères politiciennes. Elle a tiré la sonnette d'alarme sur la volonté de chaque parti de tirer la couverture vers soi quant à la concrétisation de l'objectif tel qu'il est annoncé dans l'article 5 de la loi fondamentale du 1er juillet 2011. C'est justement pour éviter cet écueil que l'AMREC est partisane de la constitution d'une commission royale. Il est clair que les responsables de l'ONG souhaitent rééditer l'expérience de la création de l'Institut royal de la culture amazighe. L'IRCAM est en effet, le fruit d'une concertation marathon entre le Palais et certaines têtes d'affiche du mouvement amazigh. Le gouvernement de Driss Jettou en était tenu absolument à l'écart. Toutefois, le contexte politique a changé entre le discours du roi Mohammed VI à Ajdir en 2001 et le Maroc post Printemps arabe. Fidèle à sa ligne de conduite, l'association marocaine de recherche et d'échange culturelle a par ailleurs appelé dans son communiqué, tous les citoyens quelles que soient leurs convictions politiques ou religieuses, à défendre l'amazighité dans ce pays, et ce, par la création d'associations culturelles.