A sept mois de la fin de cette législature, le gouvernement Benkirane n'a pas encore présenté au parlement la loi organique de l'officialisation de la langue amazighe, comme a exigé le roi en octobre dernier. Hier le PAM a rappelé à l'exécutif ce retard en posant une question en langue amazighe à la Chambre des conseillers. Une initiative à l'origine d'un débat animé. La Chambre des conseillers a connu, hier, une séance très animée. En cause, une question posée en rifain par le président du groupe PAM au ministre de l'Emploi sur la convention de sécurité sociale entre le Maroc et les Pays-Bas. Aziz Benazzouz a expliqué son choix de parler en amazigh par le fait que la majorité des concernés par ce dossier ne maitrise pas l'arabe. Abdeslam Seddiki, originaire également du Rif, a répondu en amazigh et en arabe. Les choses ont ensuite pris une autre tournure. Prenant la parole dans le cadre d'un «point d'ordre», le président du groupe du PJD, Nabil Chikhi, a affirmé que les questions orales au parlement doivent être impérativement formulées en arabe, tant que la loi organique sur l'officialisation de la langue amazighe n'a pas encore adoptée. Et d'enchainer en dénoncant toute «surenchère» visant «à perturber» ce processus. Une cascade d'interventions Cette mise au point a été immédiatement suivie par une cascade d'interventions de la plupart des groupes présents hier après-midi dans l'hémicycle. L'Istiqlal, dans une tentative de n'offenser ni les alliés d'hier (PAM) ni futurs (PJD), a appelé la présidence de la Chambre des conseillers «à honorer la langue amazighe et ce en lui assurant un service de traduction». En près de quatre ans, les partisans de la Balance ont nettement modifié leur position sur ce sujet. Pour mémoire en mai 2012, alors qu'ils étaient encore au gouvernement, ils s'étaient brusqués au même titre que les élus du PJD, lorsque qu'une députée du RNI avait posé une question en amazigh à l'ancien ministre de l'Education Mohamed El Ouafa. De son côté, l'USFP a appelé le gouvernement Benkirane a accélérer l'opérationnalisation de l'article 5 de la constitution afin d'éviter toute polémique sur ce sujet. Même son de cloche auprès du groupe de la Confédération démocratique du travail. La parenthèse du débat sur la langue berbère a été fermée par une déclaration du président de la séance. Abdelkader Salama, un rifain, a affirmé le droit de chaque conseillera de parler en amazigh, la deuxième langue officielle du royaume.