La semaine dernière, le parlement a vécu à l'heure des cahiers des charges de l'audiovisuel avec dans le rôle principal, Mustapha El Khalfi, le ministre de la Communication. Ce lundi, c'est la chanteuse, Raissa Tabaâmrant qui lui a ravi la vedette : elle a posé une question en langue amazighe. Une initiative qui n'a pas plu à certains gardiens du temple de l'arabité. La langue amazighe s'invite au parlement. Une invitation au forceps. Lundi, lors de la session hebdomadaire des questions orales à la Chambre basse, la députée Fatima Chahoul, très connue au Maroc et chez les MRE sous son nom artistique, Raissa Tabaâmrant, du parti RNI (Rassemblement national des indépendants, opposition) a interpellé le ministre de l'Education, Mohamed El Ouafa, en amazighe. S'en est suivie une cascade de mises au point des groupes parlementaires partagés entre partisans et opposants à l'usage à l'intérieur de l'hémicycle d'une langue autre que l'arabe. Bien entendu, les élus du PJD et de l'Istiqlal ont été les premiers à tirer à boulets rouges sur l'initiative de la chanteuse. Ils ont demandé le report de la réponse à cette question, le temps que le parlement adopte la loi organique de l'officialisation de la langue amazighe, et ce conformément à l'article 5 de la nouvelle constitution du 1er juillet. Lequel stipule, dans sa première partie, que «l'arabe demeure la langue officielle de l'Etat. L'Etat œuvre à la protection et au développement de la langue arabe, ainsi qu'à la promotion de son utilisation» pour immédiatement enchainer sur «de même, l'amazighe constitue une langue officielle de l'Etat, en tant que patrimoine commun à tous les Marocains sans exception. Une loi organique définit le processus de mise en œuvre du caractère officiel de cette langue, ainsi que les modalités de son intégration dans l'enseignement et aux domaines prioritaires de la vie publique, et ce afin de lui permettre de remplir à terme sa fonction de langue officielle». L'opposition applaudit Outre les critiques des députés islamistes et istiqlaliens, une élue du Mouvement populaire, formation de la majorité gouvernementale de tendance berbériste, a également dénoncé l'initiative de la chanteuse Tabaâmrant, précisant que les parlementaires n'ont pas compris la question posée en amazighe. Contrairement aux élus de la majorité, ceux de l'opposition, PAM, USFP et RNI, présents ce lundi à l'hémicycle ont fortement applaudi l'initiative de Raissa Tabaâmrant. Khadija Rouissi, du PAM, lors de sa mise au point, a qualifié la séance du lundi d'«historique». Même son de cloche auprès de Hassan Tarik, de l'USFP. Cette question en amzighe de la députée Fatima Chahoul est un message clair au gouvernement Abdelilah Benkirane d'accélérer l'élaboration de la loi organique de l'officialisation de la langue amazighe. Question en amazigh de Fatima Tabaâmrant au Parlement