Tous les groupes parlementaires de la majorité comme de l'opposition, sans exception aucune, à la Chambre des représentants se sont prononcé, lundi, pour l'utilisation immédiate de la langue amazighe dans les travaux du parlement, sans attendre la promulgation de la loi cadre, qui risque de prendre du temps. Réagissant à une question orale adressée en langue amazighe par la députée Raissa Fatema Tabaâmrante du Rassemblement national des indépendants (RNI), qui a pris de cours tout le monde, tous les groupes ont manifesté, dans des mots d'ordre, leur sympathie avec la députée et soutenu son initiative de s'exprimer dans sa langue amazighe, reconnue somme toute par la Constitution comme langue officielle de l'Etat. Selon le chef du groupe du progrès démocratique (PPS) à la chambre des représentants, Rachid Rokbane, le parlement doit immédiatement passer à l'utilisation de la langue amazighe dans ses travaux et débats, en application des dispositions de la nouvelle Constitution, selon laquelle la langue amazighe est une langue officielle. Intervenant dans le cadre d'un mot d'ordre, il a exprimé son soutien à la proposition de l'ensemble des groupes parlementaires à la chambre des représentants appelant le parlement à mettre en application les dispositions de la nouvelle Constitution relatives à l'utilisation de la langue amazighe dans ses travaux et débats sans attendre la promulgation de la loi organique dans ce domaine. Selon cette proposition, qui sera soumise à l'examen du bureau de la Chambre, celle-ci doit désormais se doter de la logistique d'interprétariat nécessaire pour faciliter l'utilisation de la langue amazighe dans les travaux de la chambre et en particulier lors de la séance hebdomadaire des questions orales, transmise directement sur les ondes de la TV nationale et suivie par un grand nombre de citoyens. L'intervention des groupes parlementaires dans le cadre de mots d'ordre est intervenue, à l'issue de la question de la députée Raissa Fatima Tabaâmrant, du groupe du RNI, posée en langue amazighe sur «la généralisation de la langue amazighe et son intégration dans le système éducatif». Les députés membres des groupes de la majorité et de l'opposition ont été unanimes à souligner la portée de cette initiative, qui marque un «tournant décisif dans l'histoire de la langue amazighe» et la mise en application sans tarder de l'article 5 de la Constitution, selon certains députés. Cet article stipule en effet que «la langue amazighe est également une langue officielle de l'Etat, en tant que patrimoine commun à tous les Marocains sans exception». Intervenant en dernier ressort, le ministre chargé des relations avec le parlement et la société civile, El Habib Choubani, a indiqué que le gouvernement, conscient de l'urgence de mise en œuvre de ce chantier, va accorder la priorité à l'élaboration de cette loi organique dans le cadre de son travail préparatoire de tous les textes juridiques nécessaires. Répondant à la députée, le ministre de l'éducation nationale, Mohamed El Ouafa, a rappelé que depuis le lancement de l'enseignement de la langue amazighe en 2003, d'importants progrès ont été réalisés en termes d'apprentissage de la langue et d'élaboration du matériel pédagogique requis. Statistiquement parlant, la langue amazighe est actuellement enseignée dans 4000 établissements contre 317 au départ, aidé en cela par 14.000 enseignants, 300 inspecteurs et 75 professeurs formateurs dans les centres de formation. Au total, 15 pc des élèves marocains soit 545.000 élèves suivent des cours de langue amazighe dans les établissements d'enseignement public. Il est donc incontestable que l'Etat déploie d'importants efforts pour l'enseignement de la langue amazighe, a dit le ministre, selon lequel les manuels scolaires pour les premières classes jusqu'au sixième sont disponibles et qu'ils sont de bonne qualité.