Est-ce la fin de la lune de miel entre le PJD et le RNI ? Les deux formations ne sont pas sur la même longueur d'onde sur le partage des présidences de certaines villes. La Colombe et la Lampe menacent de s'allier avec l'opposition pour former des majorités. Après l'euphorie, la direction du PJD se heurte à la dure réalité des tractations pour former des majorités dans certaines grandes villes. Le RNI veut maximiser ses chances de victoires pour la présidence de certaines villes en s'alliant avec des partis de l'opposition. Le président de la formation, Salaheddine Mezouar, a d'ailleurs annoncé la couleur, dimanche, à l'occasion d'un point de presse à Rabat. Mieux encore, il a attribué le succès de la Lampe aux scrutins du 4 septembre à son parti, rappelant aux journalistes que c'est grâce au ralliement du RNI en octobre 2013 que le gouvernement Benkirane a pu continuer jusqu'à aujourd'hui. Un message destiné aux islamistes leur annonçant que c'est l'heure pour eux de passer à la caisse. Et hier soir, il n'a fait que réitérer sa détermination devant les chefs du PJD, MP et PPS. Une réunion qui a échoué à réduire le fossé séparant les deux alliés. Le RNI tient tout particulièrement à Tétouan. Le président de la Chambre des représentants Rachid Talbi Alami souhaite revenir à la mairie. Un poste qu'il avait déjà occupé de 2003 à 2009. Or les islamistes, arrivés premier, partagent la même ambition. Et visiblement ils sont déterminés à gérer la ville pour un second mandat. Volte-face de Benkirane Samedi 5 septembre, Abdelilah Benkirane était ferme, martelant qu'aucune alliance avec une formation de l'opposition est nulle et non avenue. Il répondait ainsi aux PJDsite de Safi qui avaient signé quelques heures auparavant un accord avec des élus de l'Istiqlal pour diriger la ville. Le lendemain, il a enjoint aux islamistes d'Agadir de voter en faveur d'un candidat du RNI à la mairie contre leur volonté de soutenir Tariq Kabbage, un «indépendant». Or depuis hier, Benkirane a commencé par assouplir sa position. Il parait même disposé à soutenir un istiqlalien, Omar Hjira, pour présider la région de l'Oriental afin de barrer la route au PAM. Le revirement du secrétariat général du PJD se fera plus concrêt avec la publication d'un bref communiqué qui résume le blocage des négociations avec ses alliés. La Lampe tout en affirmant son «attachement» à ses engagements envers les autres composantes de la majorité, «n'exclut pas la possibilité de nouer des alliances avec les autres partis nationalistes». A une année des législatives de 2016, ces graves divergences pourraient avoir de lourdes répercussions sur la «cohésion» du gouvernement.