Le PJD et le RNI sont sur le point d'enterrer la hache de guerre. Ironie du sort, c'est Salaheddine Mezouar, qualifié de proche d'El Himma par une écrasante majorité des partisans du parti de la Lampe, qui devrait assurer la continuité du gouvernement Benkirane. L'affaire des primes échangées entre Mezouar et le Trésorier général du royaume est donc jetée aux oubliettes. Les islamistes découvrent les vertus de la realpolitik. Benkirane II est sur la bonne voie. Le coup de pouce du palais, à l'issue de la rencontre, lundi, à Tétouan entre le roi Mohammed VI et le chef de gouvernement, a balisé le terrain au secrétaire général du PJD pour entamer des négociations avec le RNI de Salaheddine Mezouar. Pour le moment, elles s'annoncent fructueuses. Le problème que pose la participation du président de la formation de la Colombe serait sur le point d'être résolu. L'ancien ministre des Finances, octobre 2007-janvier 2012, qui n'est guère apprécié par la base du PJD, ne devrait pas figurer dans la photo de famille du prochain cabinet Benkirane, en échange de la présidence de la Chambre des représentants, détenue aujourd'hui par l'istisqlalien Karim Ghellab. Mezouar devra patienter Le chemin au perchoir est semé d''embûches. En cas du refus de Ghellab de quitter son poste, Mezouar serait contraint d'attendre jusqu'en avril 2014. Légalement, c'est à mi-mandat que sont tenues les élections de la présidence de la Chambre basse du parlement. Jusqu'à présent rien n'indique que l'ancien ministre des Transports et de l'Equipement, sous le gouvernement de Abbas El Fassi, est prêt à rendre son tablier. Abdelaziz Aftati, le très controversé député du PJD, a même appelé Karim Ghellab à présenter sa démission. Sachant que le PJD ne pourrait tolérer que les deux Chambres du parlement soient présidées par deux membres de l'opposition. Les amis du PJD au RNI reviennent sur le devant de la scène politique Chez certains radicaux PJDistes, la participation du RNI au gouvernement Benkirane est une pilule dure à avaler. Pour une large majorité des islamistes, Mezouar est toujours considéré comme l'ami de Fouad Ali El Himma. Depuis les circonstances ayant mené à l'arrivée de Mezouar à la présidence de cette formation, les relations entre les partis de la Lampe et de la Colombe se sont nettement détériorées. En revanche, ces négociations sont une occasion pour Benkirane de récompenser ses amis au sein du RNI, à commencer par Mustapha Mansouri, l'ancien président du parlement et du parti, et Mohamed Abou, ex-ministre de la Fonction publique. Deux hommes ayant subi des revers politiques, le premier en perdant la présidence du RNI et le second celle de la région Taounat-Taza-El Hoceima, pour avoir refusé de s'allier avec le PAM. C'est donc la dernière ligne droite pour un gouvernement Benkirane II. Le conseil national du PJD pourrait se réunir, ce week-end, pour bénir les négociations avec le RNI. Une opération qui ne devrait guère poser de problème pour le chef de gouvernement. Sauf coup de théâtre, la visite de Juan Carlos au Maroc, prévu du 15 au 17 juillet, annoncera la première apparition officielle du cabinet Benkirane avec ses nouvelles recrues du RNI.