C'est l'escalade qui se profile entre le département de l'Intérieur et les députés du PJD. Benkirane est dans une situation délicate, il est pris entre le marteau et l'enclume. Et il n'est pas le seul, Mustapha Ramid à la Justice l'est également. L'affaire Aftati promet de nouveaux rebondissements. L'acte II a déjà commencé. Ainsi, le groupe des députés du PJD a demandé, lundi, la comparution du ministre de l'Intérieur devant les membres de la Commission de l'Intérieur à la chambre des représentants. Les élus islamistes souhaitent, en effet, obtenir des éclaircissements sur le dernier communiqué du département de Mohand Laenser (MP), ordonnant au titulaire de la Justice, Mustapha Ramid (PJD), d'ouvrir une enquête sur les accusations de Abdelaziz Aftati à l'encontre de l'ancien ministre des Finances, Salaheddine Mezouar. Pour rappel le député le soupçonne d'avoir bénéficié illégalement de primes atteignant 40.000 dh par mois. Le groupe parlementaire de la Lampe estime que cette demande est totalement contraire à l'article 64 de la constitution du 1er juillet 2011. Lequel souligne qu' «aucun membre du Parlement ne peut être poursuivi ou recherché, arrêté, détenu ou jugé à l'occasion d'une opinion ou d'un vote émis par lui dans l'exercice de ses fonctions, hormis le cas où l'opinion exprimée met en cause la forme monarchique de l'Etat, la religion musulmane ou constitue une atteinte au respect dû au Roi». Or dans le cas Aftati ce dernier a juste pointé du doigt des «parties connues», mais sans les nommer, de protéger Mezouar. Les élus islamistes considèrent que toute enquête avec Aftati est «une restriction de la liberté d'expression des députés» et «une ingérence de la part du gouvernement dans le travail du parlement, alors que la loi fondamentale a instauré la séparation des pouvoirs». Benkirane et Ramid pris entre le marteau et l'enclume Le chef de l'exécutif ne s'est pas encore prononcé, de manière officielle, sur l'acte II de l'affaire Aftati-Mezouar. Le quotidien Assabah, dans son édition de lundi, avance que Benkirane, de retour du Brésil, aurait confié à ses proches son embarras des nouvelles déclarations du député d'Oujda. Force est de constater que Benkirane est dans une situation très délicate, pris entre le marteau du principe de la solidarité gouvernementale qui l'oblige à soutenir son ministre de l'Intérieur, et l'enclume de ces engagements partisans pour appuyer un «frère». Et il n'est pas le seul, son ministre de la Justice et des Libertés, Mustapha Ramid, est également tiraillé entre les deux positions. Presque une semaine après le communiqué de l'Intérieur, il n'a pas encore ordonné au parquet d'ouvrir une enquête avec le député Aftati. Il attend que l'orage passe. Pour mémoire, lors des travaux de la session extraordinaire du conseil national du PJD, tenue les 16 et 17 juin, Benkirane a appelé ses «frères» à la retenue et la vigilance avant de lancer des déclarations. Une allusion plus que transparente aux propos de Abdelaziz Aftati et de Abdellah Bouanou. Ce dernier, député de Meknès, a affirmé détenir une liste de walis et gouverneurs corrompus qu'il comptait publier. Auparavant, ce même député, et en pleine polémique sur les cahiers de charges de l'audiovisuel, menaçait de descendre dans la rue en cas de retrait de ces cahiers.