Ramid : «Pas de place au parti dans le monde rural et il y a une volonté pour en finir avec sa popularité dans les villes». Les islamistes savent comment demeurer le plus longtemps sous les feux de la rampe, d'autant plus que le principal concurrent des islamistes, n'est autre que Fouad Ali El Himma, absent de la scène politique. Prévisible. La démission de Mustapha Ramid s'est révélée être un coup d'épée dans l'eau. Le président du groupe parlementaire du PJD a fait bien entendu marche arrière. Mercredi, il a retrouvé les siens. Il s'est même permis le luxe de jouer les sapeurs pompiers, calmant des députés islamistes en colère contre l'interdiction d'une caravane médicale par les autorités locales à Sidi Bennour, ville natale de Ramid. Et au passage, il a échangé des amabilités avec Driss Lachagr. Le ministre des Relations avec le Parlement, chargé de donner la version officielle du ministère de l'Intérieur, a subi des attaques de députés PJDistes.Une fois cette mission accomplie, Ramid est allé affronter la presse pour expliquer les raisons de la démission et de sa volte-face. Dépité, le président du groupe parlementaire du PJD a souligné que «son parti croyait que la lettre de condoléances royales adressée à Ramid suite au décès de son père était un message à qui de droit pour que les autorités centrales, régionales et locales traitent le PJD au même titre que tous les partis, sans aucune discrimination ou exclusion. Mais il s'avère qu'il y a des centres de pouvoir qui ont une autre position et qui ne veulent pas que le Maroc avance en direction de la concrétisation d'une démocratie réelle fondée sur la base de l'égalité entre les partis». Mustapha Ramid a précisé également que l'interdiction de la caravane médicale s'inscrit dans le cadre de la campagne menée contre le parti. Et de lancer qu'il y a une décision : «pas de place pour le parti dans le monde rural et il y a une volonté pour en finir avec sa popularité dans les villes». Dans ces déclarations, Ramid n'a pas précisé l'identité de ceux qui en veulent au PJD. Une affaire qui a fait grand bruit, des communiqués pleuvent de partout. En l'espace de cinq jours : l'Intérieur, le secrétariat général du PJD, le Bureau de la Chambre des représentants et en plus un communiqué conjoint portant les sceaux de quatre ministères : Intérieur, Santé, Education nationale et la Communication. Un fait rarissime au Maroc. Et pourtant l'affaire est banale. Néanmoins, la politisation savamment donnée à cet incident par l'establishment du PJD est apparemment la raison de ce branle-bas dans les quatre départements ministériels. Pour une fois, le PJD a acculé les ministères, fût-il pour une affaire banale, à la défensive. C'est de bonne guerre. Politiquement, les islamistes ont marqué un point. Une attitude qui tranche complètement avec l'affaire Amira El Qaram. Là aussi, le Maroc officiel a jugé bon d'expliquer sa position par deux communiqués. En fin de compte, le poids politique de l'AMDH n'égale en aucun cas celui du PJD du tandem Benkirane et Ramid. Les islamistes savent comment demeurer le plus longtemps sous les feux de la rampe. C'est un espace à conquérir et à pérenniser les positions, d'autant plus que le principal concurrent des islamistes, qui n'est autre que Fouad Ali El Himma, est absent de la scène politique. Une absence qui dure depuis des mois et qui plombe sérieusement l'action du PAM à tel point que les réunions hebdomadaires du Bureau national, baromètre des positions officielles de cette formation, ont perdu sensiblement de leur ponctualité. En fin de compte, c'est du pain bénit pour les islamistes du PJD. Démissionner du Parlement Le dernier mot est au Conseil constitutionnel Avant la «démission» de Mustapha Ramid du Parlement, un autre député de la Lampe avait brandi, à l'été 2009, la même menace mais sans passer à l'acte. Il s'agit de Abdelaziz Aftati. Face aux fortes réactions émanant de plusieurs partis politiques suite à sa lettre adressée à l'ambassadeur de France au sujet d'un conseiller PJDiste agressé par les forces de sécurité lors des incidents qui ont émaillé l'élection du maire de Oujda, le député Aftati avait exprimé, sur ces mêmes colonnes, son intention de démissionner du Parlement. Une fois, la tempête apaisée, tout est rentré dans l'ordre. Par ailleurs démissionner du Parlement est tout sauf une sinécure. Même si le député en exprime le souhait, c'est le Conseil constitutionnel qui détient le dernier mot. Le cas de Mohamed Hafid, l'ancien SG de la Chabiba de l'USFP, est éloquent. Presque deux ans après son refus de siéger au Parlement lors des élections de 1997, le CC a appelé à des élections partielles à la circonscription remportée par le PJDiste Mustapha Lahaya. En 2008, sept conseillers de la CDT ont adressé leurs démissions au président de la 2e Chambre. Jusqu'à présent, le CC n'a pas annoncé la tenue d'élections partielles dans les collèges électoraux.