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Docteur Fouad et Mister El Himma
Publié dans Le temps le 02 - 09 - 2009

Fouad El Himma offre à l'occasion des communales 2009 un show politique et médiatique inédit. Face à ses dernières sorties contre le Ministère de l'Intérieur et maintenant contre le ministre de l'Agriculture Aziz Akhannouch, c'est la stupeur générale. A l'examen, ces attaques contre ses amis d'hier et d'aujourd'hui visent d'autres objectifs politiques. Analyse.
Le premier opposant politique du royaume porte désormais un nom : Fouad Ali El Himma. À la veille des communales du 12 juin, le “n°18” du bureau politique du PAM tire sur tout ce qui bouge. Et d'abord sur ses amis. Après avoir dénoncé l'attitude des walis et gouverneurs contre le PAM et vilipendé le ministère de l'Intérieur, El Himma s'attaque à un autre ministre ami : Aziz Akhannouch et son plan Maroc Vert, validé par les plus hautes instances du pays. Feu à volonté ! Pour
El Himma, ledit plan Maroc “sert les intérêts des grands exploitants au détriment du petit
fellah”. Et patatras ! Entre ces deux événements inédits dans les annales de la politique marocaine, Ali El Himma a trouvé le temps pour rendre hommage… au sniper de Targuist contre lequel le général Hosni Benslimane avait lancé en vain un bataillon de gendarmes. Le créateur du PAM s'est également souvenu lors d'un meeting à Nador que l'Espagne ne défendait pas suffisamment l'islam, s'attirant ainsi l'ire d'El Pais, le premier tirage du voisin ibérique. Que s'est-il passé ? El Himma a-t-il perdu la tête ? Pourquoi prend-il soudainement cette posture d'opposant ?
Gagner la bataille de la crédibilité
En fait, le n°18 joue une partie de haute voltige politique. Si sa stratégie lui réussit, il remportera à coup sûr le grand jackpot : être enfin crédible aux yeux des Marocains en tant qu'homme politique à part entière, et se débarrasser de l'image handicapante d'un homme du sérail dont la légitimité et la puissance proviennent de sa proximité avec le roi. Pour ce faire, Fouad Ali El Himma doit exister en dehors de son mentor. Et pour exister, il doit s'opposer au système qu'il l'a secrété, d'autant que le terrain est pratiquement vide. Alors, il s'oppose à tout : au gouvernement, aux ministres, aux pays voisins, aux autres partis… Cette stratégie de critique tous azimuts permet à El Himma d'avoir la stature d'un leader politique émancipé. Ce n'est plus l'ex-secrétaire d'Etat à l'Intérieur, ayant grandi dans les ors du Pouvoir, qui s'adresse aux Marocains. Ce n'est plus
le El Himma du Mouvement pour tous les démocrates, participant à un débat intellectuel avec ses amis d'extrême gauche, qui se jette dans les élections partielles et prend une raclée électorale à Marrakech et Safi face à des notables locaux en septembre 2008. Ce n'est pas non plus le parfait perdant qui rate tout sur son passage (y compris une chaîne TV) et mène vers la défaite ses compagnons de tous les jours ou de circonstance. El Himma a muté en vrai homme politique. Il donne et rend les coups. Il se positionne là où on l'attend le moins. Il surprend par ses déclarations fracassantes contre ses amis (Benmoussa, Akhannouch), déstabilise ses adversaires politiques, fait un hold-up sur les thèmes des islamistes et occupe tout l'espace médiatique.
Comme Nicolas Sarkozy en France durant sa campagne électorale (et même aujourd'hui), Ali El Himma est le rédacteur en chef des quotidiens et des hebdos du Maroc. Chaque matin, il fait l'actualité, se taille les couvertures et les titres des Unes. Il ne se passe pas un seul jour sans qu'un journal (voire des journaux) n'écrive sur El Himma. Il est de loin l'homme politique le mieux couvert par les médias du royaume, loin devant un Abbas El Fassi ou un Abdelouahed Radi. N'importe quelle agence RP ou de lobbying rêverait d'avoir un client pareil. Les journalistes ne se font pas prier pour écrire sur El Himma, qui a même assez régulièrement les honneurs des éditorialistes du royaume, toutes tendances confondues (pour ou contre). Le PAM est un sujet qui se vend tout seul auprès des rédactions.
Cette overdose médiatique autour du personnage a fait déjà une première victime collatérale : le PJD. Les islamistes, qui maîtrisaient l'art de capter les Unes des journaux sur un simple communiqué dénonçant une starlette mal vêtue dans un concert, rasent désormais les murs. Abdelillah Benkirane, le tonitruant secrétaire général du PJD, ne trouve plus preneur dans les médias, sauf pour raconter ses malheurs à Maroc Hebdo, le 30 mars dernier, et accuser El Himma d'être à l'origine de tous les coups tordus ayant visé son parti. Benkirane est devenu inaudible sur le marché médiatique et les thèmes de son parti (accuser systématiquement le ministère de l'Intérieur à la veille de chaque scrutin, défendre de façon zélée l'islam constamment menacé) ont été squattés par El Himma, dont le parti s'est opportunément baptisé (rappellons-le) “Authenticité et modernité”. Vis-à-vis des islamistes, il déploie la même stratégie que Sarkozy a mise en place pour affaiblir le Front national de le Pen : chasser sur le même terrain idéologique… en faisant mieux. El Himma ne s'est pas contenté de vider le fonds de commerce idéologique du PJD, il a également commencé par dépouiller le parti islamiste de ses bijoux. Le débauchage du responsable islamiste d'Oujda est un coup dur, resté en travers de la gorge de l'état-major du PJD. Explication d'un membre du PAM : “Nous sommes un parti ouvert à tous les Marocains quelque que soit leur sensibilité partisane. L'essentiel est de servir le pays”. Bref, le PAM pratique “l'ouverture” vis-à-vis de tout le monde, y compris des membres de partis historiques comme l'Istiqlal et l'USFP.
La désillusion des vieux partis
Face à l'avancée du Tracteur, les adversaires politiques issus du mouvement national se rendent aujourd'hui compte que le PAM est loin d'être un simple projet de “machine votative” pour le régime. Il est plus que cela. On se rappelle avec quel mépris les deux principaux partis de la Koutla avaient accueilli la nouvelle de la démission
d'El Himma de son poste de secrétaire d'Etat à l'Intérieur et son souhait d'entrer dans l'arène politique. L'argumentaire pour tuer dans l'œuf cette nouvelle menace venue de l'antre du Palais était tout trouvé : El Himma veut créer un nouveau FDIC qui échouera comme les autres partis de l'administration car dépourvu de toute légitimité historique et politique. L'ami du Roi allait engager en plus la crédibilité de la monarchie, qui est au-dessus du jeu des partis, sur un terrain glissant. Fort de cet argument parfaitement valable et rôdé du temps de Hassan II, les ténors politiques de l'Istiqlal et de la gauche n'ont pas hésité à lancer un feu nourri contre El Himma. La raclée reçue par le PAM lors des législatives partielles de 2008 semblait confirmer la sentence : le Maroc n'est pas Rhamna, et la mort politique d'El Himma était acquise. Ce dernier passait pour le parfait “loser”, l'ami encombrant avec lequel Sa Majesté gagnerait à ne plus s'afficher. Les courtisans intéressés ont entre-temps changé de chemin, les médias sont passés à autre chose. Le Maroc politique retrouvait sa torpeur. Circulez, il n'y a rien à voir ! Retour au statu quo ante. Erreur ! C'était tout naturellement méconnaître le projet politique du PAM et le caractère persévérant de son promoteur.
Dans la perspective des communales de juin 2009, El Himma et ses hommes se devaient de tirer les leçons des couacs du démarrage et décliner une feuille de route claire : consolider le parti, identifier des élites locales émergeantes, investir les régions sous-politisées comme le Rif et le Sahara, capter les militants professionnels des autres partis et les nouveaux militants (société civile, secteur privé, jeunes…), faire bouger les lignes du débat politique, faire du bruit médiatique pour exister sans avoir besoin de créer d'organe de presse ! Bref, occuper tous les segments laissés par les concurrents.
Cette stratégie a pu être mise en place avec rapidité du fait du passage du fondateur du PAM par le ministère de l'Intérieur. El Himma a eu en effet le loisir d'observer le marché politique national, ses acteurs, ses faiblesses et les opportunités qu'il offrait. Pour n'importe quel observateur, le diagnostic est clair : la classe politique actuelle est vieille et discréditée, le processus électoral désavoué par les citoyens qui daignent à peine aller voter et le débat public figé ou sous la coupe du projet islamiste. La dynamique du changement politique est en panne, les élites en place trop conservatrices et assises sur leurs acquis et avantages, les partis historiques refusant de faire leur mue pour rajeunir leurs équipes. À terme, ce statu quo politique, mortel pour le pays, est porteur de menaces plus sérieuses. Il faut donc libérer les énergies et capter les forces du changement restées à l'écart du jeu politique occupé actuellement par les nababs, les notables, les mandarins, les semsaras des élections et les marchands du Coran. L'arrivée du PAM sonne le glas à tout ce folklore et ouvre de nouvelles perspectives au jeu politique. Le charisme de Fouad Ali El Himma pèse tout naturellement dans la balance. Aux adversaires du PAM de riposter aujourd'hui dans les règles de l'art, en revoyant le casting de leurs états-majors et en jetant dans l'arène de nouveaux hommes politiques capables de concurrencer le magnétisme politique et médiatique d'Ali El Himma et de son mouvement. Autrement, le n° 18 du bureau politique du PAM n'aura aucun mal à continuer à placer le ballon au cœur des filets de ses concurrents.
Abdelkhalek Zyne


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