Après l'affaire des cahiers des charges de l'audiovisuel, le roi aurait rappelé à l'ordre les ministres du PJD. L'incident aurait eu lieu à Oujda à l'occasion du conseil des ministres. Est-ce la fin de la lune de miel entre le palais et le PJD ? Le quotidien Akhbar Al Yaoum, dans son édition de ce lundi, répond par l'affirmative. Le journal avance que, lors du conseil des ministres du 17 juin tenu à Oujda, le roi Mohammed VI aurait critiqué ouvertement les propos de certains ministres de la Lampe soucieux d'alimenter la polémique plus que d'oeuvrer à chercher des solutions aux problèmes du Maroc d'aujourd'hui. Ce rappel à l'ordre royal est destiné directement aux «frères» de Abdelilah Benkirane. On se souvient que le titulaire du département de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Lahcen Daoudi a ouvert le bal en accusant, il y a quelques semaines, son prédécesseur, Ahmed Akhchichine (très proche de Fouad Ali El Himma), de corruption et de dilapidation de deniers publics au profit de ses propres intérêts. L'affaire Mezouar, la goutte d'eau de trop Un pavé jeté dans la marre avant que le ministre PJDiste n'opère un revirement spectaculaire, ne tarissant pas d'éloges, en direct et au parlement, sur l'action d'Akhchichine. Puis le témoin a été cédé au député Abdelaziz Aftati lançant, publiquement, des accusations contre l'ancien ministre des Finances, Salaheddine Mezouar (2007-2011) de recevoir des primes mensuelles de 40 000 Dh. Selon Akhbar Al Yaoum, le roi aurait demandé à l'équipe d'Abdelilah Benkirane de consacrer plus de temps à affronter les défis du présent et de l'avenir au lieu de trop creuser dans les travers du Maroc d'il y a cinquante ans en suscitant des polémiques et des controverses qui ne servent nullement les Marocains. Et d'inviter les ministres qui ont des preuves de cas de corruption ou de prévarication à recourir à la justice. Immédiatement après ce rappel à l'ordre royal, le PJD s'exécute et commence par présenter des excuses officielles à Mezouar, le président du RNI. En phase avec ces critiques du roi, l'ancien historiographe du royaume et ex-porte-parole du palais, Hassan Aourid, a appelé le jeudi 21 juin lors d'une émission sur France 24 arabe, le gouvernement Benkirane à passer à l'action et à mettre un terme à la politique des slogans. Le timing de cette sortie médiatique de l'ancien copain de Mohammed VI au collège royal n'est guère fortuit. Les députés du PJD soutiennent Aftati Par ailleurs, la polémique initiée par le député Aftati est loin d'être terminée. En l'absence de Abdelilah Benkirane, au Brésil pour le sommet de la terre Rio+20, le groupe parlementaire du PJD sous la casquette de l'association «députés marocains contre la corruption» viennent d'apporter un soutien sans faille à Aftati dans son bras de fer non pas avec Mezaour mais avec le ministère de l'Intérieur. Pour mémoire, le département dirigé par Mohand Laenser a sommé le ministre de la Justice et des Libertés, Mustapha Ramid, d'initier une enquête sur les accusations de Aftati contre l'ancien ministre des Finances. Sauf coup de théâtre, les services de Ramid devront interroger, dans les prochains jours, le député d'Oujda sur ses allégations. Cette affaire Aftati-Mezouar risque d'ébranler davantage la cohésion de la majorité gouvernementale. Sur les ondes de radio Aswat, le ministre de l'Urbanisme et de l'Habitat, Nabil Benabdellah, a qualifié les accusations de Aftati de «déplacées». Le secrétaire général du PPS (parti du progrès et socialisme) a repris à son compte les critiques du roi en appelant à tourner le dos au passé pour affronter les défis du présent et de l'avenir.