Taoufiq Bouachrine qui a toujours soutenu Benkirane vit le cauchemar, affirme El Pais. Benkirane a perdu depuis l'arrestation de Bouachrine, son principal allié dans la presse. Abdelilah Benkirane, celui qui a permis au PJD de gagner les élections législatives, successivement, en 2011 et 2016, n'a plus aucun pouvoir au Maroc, ni au sein de l'exécutif, ni dans sa formation politique, a écrit ce mercredi le quotidien généraliste espagnol « El pais« . L'ancien chef du gouvernement est affaibli par l'arrestation pour viol, de Taoufik Bouachrine, le directeur du journal Akhbar Al Yaoum, qui lui est proche et qui est connu pour sa position critique vis-à-vis de la politique du palais royal, selon le quotidien espagnol qui indique que Benkirane pouvait s'exprimer facilement grâce à son charisme et à la tribune dudit journal arabophone. El Pais cite Mohamed Madani, professeur à la faculté de droit de Rabat, qui estime que le journal Akhbar Al-Yaoum est l'un des «rares intermédiaires» entre Benkirane et l'opinion publique. « C'est un soutien très précieux parce que c'est un media qui jouit d'une grande crédibilité auprès des élites. Neutraliser son directeur, c'est affaiblir davantage Benkirane » affirme Madani. Le professeur estime également que Benkirane est nuisible au nouveau paysage politique, qui est en cours d'élaboration, à la suite des élections de 2016. « La nouvelle composition politique se fait autour d'une alliance dirigée principalement par Aziz Akhannouch« , affirme-t-il, ajoutant que « Benkirane continue de nuire à ce projet même s'il a été affaibli par son éjection du secrétariat général du parti et sa confrontation avec le clan des ministres islamistes, étant donné qu'il continue à avoir une influence sur la jeunesse du parti et sur une partie de l'électorat qui sont tentées de le voir comme une victime« . El Pais rappelle ainsi le limogeage d'Abdelilah Benkirane par le roi Mohammed VI de son poste de chef du gouvernement après son échec à former un gouvernement de coalition pendant plus de cinq mois, du fait qu'il refusait d'accepter les conditions que lui posaient d'autres partis. El pais évoque dans son article, comment Saâd Eddine El Otmani qui lui a succédé, lui a barré la route, à l'aide de cinq autres ministres islamistes du gouvernement de coalition, pour ne pas briguer un troisième mandat en tant que secrétaire général du PJD. Ainsi, le parti s'est affaibli et Benkirane est redevenu simple militant, ajoute le support espagnol. Actuellement, Taoufiq Bouachrine qui a toujours soutenu Benkirane vit le cauchemar, affirme El Pais qui raconte les faits de son arrestation dans les locaux de son journal pour « viol, tentative de viol et trafic d'êtres humains ». Benkirane a alors perdu depuis l'arrestation de Bouachrine, son principal allié dans la presse, selon la même source. El Pais retrace les faits du 03 février dernier, quand Benkirane avait pris la parole lors de l'assemblée de la jeunesse du PJD alors qu'il n'exerçait aucune fonction officielle au sein du parti. Abdelilah Benkirane a lancé une attaque cinglante contre Aziz Akhannouch, président du RNI et ministre de l'agriculture et de la pêche, qui est en train de réorganiser son parti dans la perspective de remporter les élections législatives de 2021 et devenir le futur chef du gouvernement, souligne le quotidien. Il lui a fait remarquer que le mariage entre politique et affaires constitue un danger pour l'Etat. Le jeudi 22 février, le journaliste Taoufiq Bouachrine a publié un éditorial intitulé « le pouvoir de l'argent et l'argent du pouvoir », soulignant que leur mariage était à l'origine de tous les maux. « Notre directeur est le seul journaliste au Maroc qui a ouvertement défendu Benkirane. Avant d'être arrêté, il a reçu un avertissement », a souligné à El Pais un rédacteur de Akhbar Al-Yaoum qui préfère garder l'anonymat, en ajoutant qu' « ils lui ont dit que s'il voulait continuer à exercer son métier, il devait cesser d'écrire sur deux personnalités : Benkirane et Akhannouch. Ils lui ont aussi dit que Benkirane représente le passé et Akhannouch le futur« . « Maintenant« , poursuit le rédacteur susmentionné par El Pais, « Benkirane est en position de faiblesse. Qu'on le veuille ou non, Benkirane est le passé. La véritable cible du pouvoir n'est plus Benkirane, mais notre journal. Nous sommes le seul journal au Maroc vraiment critiqué, le seul qui ose parler avec des opposants qui vivent à l'étranger. Et ils nous attaquent (…) ».