La polémique sur les primes perçues par le précédent ministre des Finances, Salaheddine Mezouar, a connu, hier, un nouvel épisode : des excuses officielles du PJD au RNI. Si le ministre a bien touché des primes considérables, lors de son passage au ministère, celles ci étaient totalement légales. La séance des questions orales au parlement, lundi 18 juin, a été marquée par les excuses officielles présentées par le groupe parlementaire du PJD au RNI. Le vice-président de la Chambre des représentants, Mohamed Yatim, également du parti de la Lampe (PJD), a été contraint de lire un communiqué dans lequel les islamistes demandent aux RNIstes de tourner la page. A l'origine de cette brouille, les accusations, retransmises lundi 11 juin en direct sur Al Oula, du député PJDiste, Abdelaziz Aftati à l'encontre de l'ancien ministre des Finances, Salaheddine Mezouar, l'actuel président du RNI (opposition) de toucher «sous la table» des primes mensuelles estimées à 400 milles dirhams. Si l'existences de ces primes n'est pas remise en cause, puisque M. Mezouar a reconnu avoir perçu 80 000 dirhams, leur légalité a été, depuis, reconnue par les députés du PJD. Elles touchent même l'ensemble du ministère et du gouvernement. Les députés du RNI, on s'en souvient, quittaient immédiatement l'hémicycle en signe de désapprobation. Solidaires, les parlementaires du PAM leurs emboîtaient le pas. Ils ont fait des excuses du PJD une condition sina qua non à la reprise de leur participation aux travaux des questions orales dans les deux Chambres du parlement. Une fois la lecture du communiqué terminée, le président du Groupe socialiste, Ahmed Zaidi, a pris la parole pour annoncer que cette «réconciliation» est faite sans aucune concertation avec les autres groupes parlementaires. En effet, seuls les premiers concernés, les PJDistes et les RNIstes, ont pris part à une réunion avec le président de la Chambre consacrée à cette question. Les reproches indirects de Benkirane à Aftati Ce revirement des islamistes intervient 48 heures après les reproches de Abdelilah Benkirane à certains membres de sa formation. Sans citer personne en particulier, il leurs a reprochés d'être les auteurs de déclarations gênantes. Le chef du gouvernement et secrétaire général du PJD a profité de la tenue de la session extraordinaire du conseil national de son parti, les 16 et 17 juin à Skhriate, pour demander à ses «frères» d'être vigilants avant de lancer des accusations à tort et à travers. Une allusion plus que transparente aux propos de Abdelaziz Aftati et de Abdellah Bouanou. Ce député de Meknès s'était targué de détenir une liste des walis et gouverneurs corrompus qu'il comptait publier. Auparavant, ce même député, en pleine polémique sur les cahiers de charges de l'audiovisuel, menaçait de descendre dans la rue si le gouvernement acceptait de revenir sur les cahiers qu'il avait rédigés. En dépit des reproches de Benkirane, l'attaque d'Aftati a eu le mérite de reléguer, médiatiquement, la hausse des prix des carburants au second plan. Une tactique qu'affectionnent, désormais, les députés du PJD. Pour mémoire, en pleine débat sur l'immunité que le gouvernement Benkirane voulait accorder aux militaires, ils avaient eu l'ingénieuse idée de rendre public une proposition de loi interdisant toute publicité des boissons à base d'alcool. Une manoeuvre de diversion.