Alors que les pronostics vont bon train sur une entrée du RNI au gouvernement, il semble que le PJD ne fera rien avant la tenue de son conseil national dans les prochains jours. Un conseil national qui risque d'être très chaud. Selon les premières indiscrétions, le parti est tiraillé actuellement entre deux courants. Le clivage est si intense que le secrétaire général du PJD et chef de gouvernement Abdelilah Benkirane a préféré rester neutre. «Lors de la dernière réunion du secrétariat général, les membres étaient clairement divisés entre deux clans. Un premier veut former une nouvelle majorité et un deuxième qui préfère des élections législatives anticipées. Notre secrétaire général n'a pas voulu donner son avis», explique Abdellah Bouano, président du groupe parlementaire du PJD à la Chambre des représentants. Ce dernier qui est souvent présenté comme l'un des faucons du parti, affiche aujourd'hui une position ferme après le retrait de l'Istiqlal. «Personnellement, je fais partie de ceux qui poussent vers l'organisation d'élections anticipées. Sauf que nous allons demander la tenue simultanée des élections législatives et communales. Je ne vois pas d'autres solutions vu les derniers développements dans le champ politique qui nécessitent un retour aux urnes», ajoute-t-il. Les propos de Bouano trouvent aujourd'hui écho auprès de nombreux militants et responsables du parti, notamment Abdelali Hamieddine, vice-président du conseil national, et Abdelaziz Aftati, le virevoltant parlementaire pjdiste. Ces trois noms ont pour point commun d'avoir entretenu dans le passé des relations froides parfois conflictuelles avec Abdelilah Benkirane qui ne cachait pas d'ailleurs son agacement en raison de leurs sorties médiatiques, jugées souvent mal calculées. Le deuxième clan au sein du parti, celui dont les membres sont présentés comme des modérés, préfère, pour sa part, former une nouvelle majorité avec notamment le RNI (Rassemblement national des indépendants). Ce clan serait formé par les ministres du PJD au sein du gouvernement, en l'occurrence celui de la justice, Mustapha Ramid, ainsi que des membres des cabinets de ces ministres. Le conseil national du parti qui se tiendra probablement samedi prochain devra conforter l'un des deux clans. Des moments difficiles attendent ainsi le parti de la lampe et surtout son secrétaire général qui n'aura d'autre choix que de se soumettre à la volonté des membres de son conseil national. Concernant le RNI, rien n'indique que le parti s'opposera à rejoindre la majorité même en cours de route si une offre importante lui est adressée. Abdelilah Benkirane commence déjà à tâter le pouls des dirigeants du parti de la colombe. Mardi dernier, il a croisé dans son fief électoral son adversaire politique et probablement prochain allié, Salaheddine Mezouar. «MM. Benkirane et Mezouar ont tous les deux assisté aux funérailles d'un député du parti du RNI à Salé. Le chef de gouvernement connaissait bien le défunt puisqu'ils étaient tous les deux députés de la ville de Salé. Cela dit, ni le cadre ni les circonstances de cette entrevue n'étaient propices pour évoquer la formation d'une nouvelle majorité au gouvernement», explique Anis Birou, député et membre du bureau politique du RNI.