Nouveau revers pour la direction du Front ? Le 14ème congrès du Polisario n'aura pas lieu à Tifariti. La Minurso serait-elle à l'origine de ce changement ? Le Polisario brise une de ses règles. La direction du mouvement séparatiste a décidé, hier à l'issue d'une réunion de deux jours, de tenir son 14ème congrès sur le territoire algérien plus précisément au «camp de Dakhla». C'est une zone excentrée, séparée d'environ 150 km de Rabouni (le siège de la direction du Front, ndlr). D'habitude, il est le point de chute des dirigeants bannis par Mohamed Abdelaziz ou l'Algérie. Bachir Mustapha Sayed, après sa fameuse proposition aux Américains y avait passé une période de sanction en tant que "gouverneur". Ce changement de lieu est une nouveauté par rapport aux précédentes messes du Front qui se tenaient en grande pompe dans la zone tampon de Tifariti, que les polisariens considèrent comme «territoire libéré». Déjà en septembre 1991, le roi Hassan II avait adressé une lettre à l'ancien SG de l'ONU, Javier Pérez De Cuéllar lui demandant de «prendre les mesures urgentes pour que les choses se retrouvent dans la situation qui se doit, notamment par le retrait hors du territoire (Tifariti, ndlr) de ces bandes armées». Une position que la diplomatie marocaine avait réitérée en 1992, 2005 et 2006. Cette concession traduit le contexte de revers subis cette année par le Front, notamment au Conseil de sécurité. Et pourtant, au début les amis de Mohamed Abdelaziz avaient fait monter les enchères, annonçant 2015 comme année «décisive» pour le conflit. Un optimiste bien érodé depuis. Le Polisario s'est-il plié à une demande de la Minurso ? «Il est clair que le Front a été contraint d'opérer ce changement. Cette modification dans le programme prive en effet le Polisario d'un atout considérable, surtout pour sa machine de propagande», nous confie une source au Sahara. «Il y a de forts soupçons que ce soit la Minurso qui en soit à l'origine», ajoute-elle. Et de rappeler que «Kim Bolduc, la représentante du secrétaire général des Nations Unies dans la région, a effectué en l'espace de quatre semaines deux voyages à Tindouf. Le premier avait eu lieu en juillet et le dernier s'est produit la semaine dernière où la diplomate Canadienne s'est entretenue avec Mohamed Abdelaziz». Au lendemain de cette visite, celui qui est considéré comme «le chef de la diplomatie» du Front a été envoyé d'urgence à Alger pour examiner la demande de la Minurso avec Ratmane Lamamra. Selon notre interlocuteur, ce changement cadre parfaitement avec la nouvelle politique d'apaisement envers le Maroc que prône la Minurso sous la direction de Mme Bolduc. Une ligne de conduite diamétralement opposée avec celle prônée par son prédécesseur qui avait un penchant pour le Polisario, l'Allemand Wolfgang Weisbrod-Weber (juin 2012-août 2014).