Après amendement et adoption par la Chambre des conseillers, les parlementaires de la Chambre des représentants vont déposer - dans deux jours- leurs amendements au projet de loi relatif aux conditions d'emploi et de travail des employés domestiques. Jugeant cette étape «cruciale», un collectif de 50 associations en appelle à «l'audace politique» des autorités pour en finir avec les petites bonnes. Le Collectif associatif «Pour l'éradication du travail des petites bonnes» en appelle, à «l'audace politique» des autorités «pour un Maroc sans petites bonnes», fait-il savoir dans un communiqué de presse parvenu à notre rédaction ce lundi 6 juillet 2015. La requête de cet ensemble de 50 associations s'adresse particulièrement aux groupes parlementaires de la Chambre des réprésentants qui déposeront dans deux jours, mercredi 8 juillet, leurs amendements au projet de Loi 19.12 relatif aux «conditions d'emploi et de travail des travailleur(e)s de maison». En effet, le texte a déjà été amendé et adopté par la Chambre des conseillers, sauf qu'il retient l'âge minimum des travailleurs domestiques à 16 ans. Chose que dénonce fortement le collectif associatif, estimant qu'il s'agit d' «d'une pratique indigne qui n'honore pas notre pays et qui est contraire aux référentiels internationaux et nationaux en matière des droits humains». Une employée domestique doit avoir 18 ans au minimum Les 50 organisations associatives appellent donc les parlementaires à «rétablir les filles mineures dans leurs droits», en votant un amendement portant l'âge minimum du travailleur domestique à 18 ans. Elles lancent le même appel au ministre de l'Emploi et des Affaires sociales en faveur des filles mineures issues des milieux défavorisés, lesquelles sont souvent «condamnées» soit à l'exploitation dans le travail domestique, soit au mariage précoce ou les deux dans certains cas. Le collectif a rédigé un plaidoyer dans lequel elle montre combien le travail des filles mineures est dangereux pour elles. Le document de 26 pages évoquent notamment – image à l'appui, les cas de petites filles violentées sur leurs lieux de travail au point d'en garder les marques sur leur corps. Plusieurs actions à l'horizon Les associations rappellent qu'alors que le Conseil National des Droits de l'Homme (CNDH) et le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) avaient affirmé la nécessité de fixer à 18 ans l'âge d'accès au travail domestique. La Chambre des conseillers en a décidé autrement. D'après le collectif d'ONG, les élus de la chambre des représentants peuvent encore inverser la tendance. «S'ils maintiennent à 16 ans l'âge minimum des travailleurs domestiques, cela nuira à la situation des filles mineures encore exploitées actuellement», affirme à Yabiladi Omar Saadoun, responsable pôle Lutte contre le travail des enfants (LCTE) à l'association INSAF membre du comité de coordination du collectif aux côtés –entre autres- d'Amnesty International Maroc et l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH). A noter que ces ONG sont pour la condamnation des employeurs et des parents ou tuteurs des mineures ainsi embauchés. Le Collectif associatif «Pour l'éradication du travail des petites bonnes» a prévu de multiplier les actions au cours des prochaines heures pour faire entendre ses réclamations. Outre les courriers envoyés aux autorités, des actions de sensibilisation de la population, ainsi qu'un sit-in devant le Parlement sont prévus. «C'est après concertation que nous déciderons du jour et de l'heure», précise M. Saadoun.