Dans son communiqué officiel annonçant l'interdiction de Much Loved de Nabil Ayouch mardi, le ministère de la Communication n'avait évoqué qu'un outrage grave aux valeurs morales et «une atteinte flagrante à l'image du Maroc». Contactée par nos soins, une source au sein du département de Mustapha El Khalfi en dit un peu plus sur les raisons de la censure. L'interdiction du film Much Loved au Maroc «ne peut nullement être considérée comme une atteinte à la liberté d'expression», tient à avertir d'entrée de jeu une source au sein du ministère de la Communication dans un échange avec Yabiladi. Elle balaie ainsi toutes les critiques, à l'international notamment, taxant le gouvernement d'opposant à la liberté d'expression suite à sa décision de censure. «Les dispositions législatives et réglementaires en vigueur au Maroc énumèrent clairement les cas où il peut être procédé à la non autorisation de la projection d'un film notamment en raison de l'outrage aux bonnes mœurs» , explique notre source soulignant que l'article 59 du Code de la presse, les dispositions figurent également dans la loi n° 20-99 de l'industrie cinématographique, «sanctionne l'affichage, l'exposition ou la projection aux regards du public de films pornographiques, photographies contraires à la moralité et aux mœurs publiques». Le Maroc n'est pas un pays de tourisme sexuel et ne tolèrera jamais la projection d'une telle image» Le département de Mustapha El Khalfi refuse également que la «décision souveraine des autorités compétentes» soit interprétée comme étant une appréciation de la qualité technique ou artistique du long-métrage. Un tel procédé «ne relève aucunement de leurs compétences, et seuls les professionnels et les critiques sont habilités à le faire», rappelle la même source. D'après notre source, l'interdiction du film au Maroc était «une nécessité» pour «mettre fin à l'atteinte portée à l'image du Maroc, notamment en levant l'équivoque au sujet d'un prétendu cautionnement officiel de ce film». «Les autorités marocaines ne toléreront jamais la projection d'un film qui nuit à l'image du Maroc en le présentant comme étant un pays de tourisme sexuel, de trafic des êtres humains ou d'humiliation de la femme», argue ce collaborateur du ministre de la Communication. Au delà de la dénonciation du film, ce dernier affiche une certaine satisfaction de la réaction des «Marocaines et les Marocains qui, après une très large indignation et condamnation des extraits du film, ont soutenu avec une très large majorité, la décision des autorités marocaines». Ne pas froisser l'Arabie Saoudite ? Si ces explications détaillent un peu plus la version exprimée officiellement, d'autres sources laissent entendre que la séquence montrant des touristes saoudiens en compagnie de prostituées marocaines auraient été la goutte de trop. Le Maroc ne voulant pas se retrouver dans la position de l'Egypte ou du Koweit où des chaines télévisées avaient justement «porté atteinte à l'image du Maroc» créant des incidents diplomatiques vite circoncrits. Pour sa part, Nabil Ayouch ne compte visiblement pas en rester là. «Je ne comprends pas qu'on puisse censurer mon film avant même qu'il ait été vu», a-t-il déclaré dans un entretien avec Telquel. «Je veux agir pour le bien de mon pays dans le cadre de la loi. Je suis un cinéaste. Je ne fais de politique, je fais du cinéma et j'ai un regard que je porte sur mon environnement et ce que j'exprime à travers le film», a-t-il ajouté estimant qu'il n'avait pas encore décidé de ce qu'il ferait face à la décision de Rabat.