Après le revers sur le dossier malien, et sur la question du Sahara occidental au Conseil de sécurité, Abdelaziz Bouteflika a décidé de nommer deux ministres à la tête de sa diplomatie. Un aveu d'échec pour l'action de Ramtane Lamamra. La diplomatie algérienne a, désormais, deux têtes. Le président Abdelaziz Bouteflika en a décidé ainsi. Il a «promu» d'une part Ramtane Lamamra au rang de ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la coopération et d'autre part nommé Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de Ligue arabe. Celui-ci gagne en autonomie et se débarrasse de la tutelle Lamamra. De par ses nouvelles fonctions, Messahel devrait concentrer ses efforts auprès de l'UA pour plaider la cause du Polisario. L'establishment réagi à la résolution 2218 Ces nouveaux changements dans la diplomatie du voisin de l'Est interviennent seulement quelques semaines après le revers subi au Conseil de sécurité sur la question du Sahara occidental. Visiblement, il s'agit de la réaction de l'establishment local. Nous avions fait état par le passé de réunions au plus haut sommet de l'Etat entre le président Abdelaziz Bouteflika, le patron du DRS, le général Toufik et le chef des armées, le général Gaid Saleh, destinées à examiner la situation au lendemain de la résolution 2218 des Quinze. La promotion de Lamamra sonne en réalité comme un échec personnel pour lui. Et pourtant sa nomination en septembre 2013 à la tête de la diplomatie avait été justifiée par ses bonnes connaissances du contexte continental. Ses passages en tant qu'envoyé spécial de l'UA de 2003 à 2007 et Commissaire pour la paix et la sécurité de l'Union africaine de 2008 à 2013, plaidaient largement en sa faveur. A l'époque la presse algérienne unanime lui donnait le titre de «Monsieur Afrique». Deux ans et demi plus trad, sa «gestion» du dossier du Sahara n'a pas été jugée concluante. Le Mali aussi Le Sahara occidental n'est pas le seul dossier où Lamamra a échoué. Le succès n'était pas non plus au rendez-vous sur le Mali. Malgré une mobilisation à grande échelle pour imposer l'Algérie en tant que seul médiateur du conflit entre les autorités de Bamako et les groupes armées, auprès de pays européens et de l'ONU, il n'a pu convaincre les Touaregs de parapher l'accord d'Alger du 1er mars. Le boycott des trois composantes de la Coordination des mouvements de l'Azawad de la cérémonie du 15 mai à Bamako constitue un autre revers pour Lamamra.