Le 16 mars dernier, en plein débat sur les dangers de l'avortement clandestin, le roi Mohammed VI se saisissait du dossier. Il chargeait les ministres Mustapha Ramid et Ahmed Taoufiq ainsi que Driss El Yazami, président du CNDH, de mener des consultations élargies avec les religieux et la société civile sur la question. Hier, les responsables concernés ont remis leurs recommandations au monarque. Avec un retard d'un mois, la commission chargée de mener des consultations sur l'avortement a remis hier son rapport au roi Mohammed VI. Il en ressort que la libéralisation totale de l'interruption de la grossesse n'est pas envisagée au Maroc. Et pour cause, «l'écrasante majorité penche pour la criminalisation de l'avortement illégal à l'exception de quelques cas de force majeure, en raison des souffrances qu'il engendre et de ses répercussions sanitaires, psychologiques et sociales négatives sur la femme, la famille et le fœtus et sur toute la société», indique un communiqué du cabinet royal. Une seule concession aux modernistes Dans l'ensemble, les conclusions de plus d'un mois de consultations et de débats devraient refroidir l'enthousiasme des premiers jours, exprimé par bon nombre de modernistes. La commission a conclu que l'avortement n'est dûment légal que dans trois cas seulement : «Lorsque la grossesse constitue un danger pour la vie et la santé de la mère», en cas de «graves malformations et de maladies incurables que le fœtus pourrait contracter» et enfin lorsque «la grossesse résulte d'un viol ou d'inceste». Ce dernier point constitue la seule nouveauté. Une concession faite aux revendications des courants modernistes. Un bien maigre résultat pour des années de pressions et de sensibilisations à la fois de l'opinion publique et des décideurs sur les dangers de l'avortement clandestin. Reste à savoir si les nouvelles recommandations seront un remède efficace au phénomène ? Par ailleurs, le texte du cabinet royal souligne que Mohammed VI a donné ses instructions aux ministres de la Justice et de la Santé «pour qu'ils coordonnent entre eux et associent les médecins spécialistes en vue de traduire les conclusions de ces consultations en un projet de dispositions juridiques, dans le but de les inclure dans le code pénal». Avant que le roi ne se saisisse du dossier, le gouvernement Benkirane était sur le point d'adopter un projet de loi sur l'avortement.