Objet d'âpres débats ces dernières semaines, la réforme de la loi sur l'avortement a abouti à une autorisation de celui-ci en cas de viol ou de malformation. Le Maroc va désormais autoriser l'avortement en cas de viol ou de graves malformations et maladies foetales, a annoncé vendredi le Palais royal, au terme d'un vif débat sur le fléau des avortements clandestins dans le royaume. L'avortement dans «quelques cas de force majeure» sera autorisé, notamment lors de «grossesses (qui) résultent d'un viol ou de l'inceste», ou encore de «graves malformations et maladies incurables que le foetus pourrait contracter», affirme le communiqué publié au terme d'une audience royale lors de laquelle les ministres de la Justice et des Affaires islamiques ainsi que le président du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) ont remis leurs avis. Cette légalisation restera limitée à ces seuls cas dans la mesure où des consultations ont montré que «l'écrasante majorité penche pour la criminalisation de l'avortement illégal», est-il écrit. Selon la même source, le roi Mohammed VI a donné ses instructions pour «traduire les conclusions de ces consultations en un projet de dispositions juridiques, dans le but de les inclure dans le code pénal», qui fait actuellement l'objet de débats. Dans un pays de 34 millions d'habitants où modernité et conservatisme religieux se côtoient et où les relations hors mariage restent interdites, la loi autorisait jusque-là l'avortement dans les seuls cas où la santé de la femme était en danger. Pour le reste, elle punit les interruptions volontaires de grossesse (IVG) de peines allant de un à cinq ans de prison ferme. Bien qu'aucun chiffre officiel n'existe, des associations estiment qu'entre 600 et 800 avortements clandestins sont pratiqués chaque jour au Maroc, dans des conditions sanitaires parfois désastreuses. Dans le même temps, les grossesses non désirées renforcent le phénomène des «mères célibataires» et l'abandon d'enfants, jusqu'à 150 par jour affirment des ONG.