Les islamistes proches du PJD sont en guerre ouverte contre les milieux francophiles. Prenant le relai du député de la Lampe Abouzaid Idrissi, le religieux Ahmed Raissouni les accuse d'être des «agents de la France». Les islamistes haussent le ton contre les partisans de la francophonie au Maroc. Le très médiatisé Ahmed Raissouni attribue les maux de l'école à la domination d' «agents de la France et de l'identité francophone» qui «imposent aux Marocains un enseignement bâtard, rapiécé et importé», indique-t-il dans une nouvelle vidéo postée sur son site. Dans son enregistrement, le premier président du Mouvement unicité et réforme s'est fait l'avocat de l'anglais. Ces nouvelles attaques interviennent dans un contexte particulier. Tout indique que le Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et la recherche scientifique a écarté la proposition de faire de l'anglais la première langue étrangère à la place du français. Pourtant la proposition était soutenue par la direction du PJD et une partie de la société civile. L'Istiqlal de Hamid Chabat, traditionnellement un chantre du panarabisme, a évité d'entrer dans ce débat pour ne pas s'aligner sur les positions des «frères» de Benkirane. Raissouni n'a fait que répéter les accusations d'un député du PJD Après la perte de la bataille de l'anglais, les islamistes tiennent à ne pas essuyer un autre revers face aux promoteurs du dialecte dans le préscolaire. Ce qui explique son appel à la mise en place effective de l'arabe en tant que langue officielle du royaume. Une place usurpée par le français grâce à «ses agents», selon ses dires. Les propos d'Ahmed Raissouni, le n°2 de l'Union des oulémas musulmans sunnites, ne constituent pas une surprise. Dans leur guerre ouverte contre des milieux francophones, les islamistes ont l'habitude de briller par des dérapages. En juin 2014, à la commission de l'enseignement à la Chambre des représentants, Abouzaid Idrissi, député de la Lampe, avait ouvertement accusé le ministre de l'Education national d'être «un pilier du parti de la France» au Maroc. Le PJDiste réagissait de la sorte suite à un accord permettant la généralisation du bac français, conclu quelques mois auparavant entre Rachid Belmokhtar et son homologue français.