La signature, en février dernier, de l'accord sur la généralisation du baccalauréat français au Maroc a suscité une levée de bouclier de la part des islamistes au gouvernement. Quatre mois plus tard, Abou Zaid, un député du PJD, grand défenseur de la langue arabe, vient de jeter de l'huile sur le feu en s'interrogeant, au parlement, sur le ministre de l'Education marocain le comparant à un pilier du parti de la France qui gouverne ce pays. Le PJD a repris ses attaques contre le ministre de l'Education nationale, Rachid Belmokhtar. C'est le baccalauréat français qui est pointé du doigt. Et le député islamiste Abou Zaid El Idrissi n'a pas fait dans la dentelle. Plaidant la cause de la langue arabe et l'identité marocaine, le PJDiste, dans un moment d'emballement, s'est demandé «si le pays ne serait pas gouverné par le parti de la France ?» Et d'enchainer par s'adresser directement au ministre en lui assénant que «vous être, depuis 30 ans, un des piliers de ce parti», rapporte dans son édition d'aujourd'hui le quotidien Sahifat Annass. Des propos exprimés devant les membres de la Commission de l'enseignement de la Chambre des représentants. Le PJD est dans l'embarras Au terme de ladite réunion, Belmokhtar a fait part de ces accusations proférées contre sa personne au président de la Chambre basse, Rachid Talbi Alami, afin qu'il prenne les mesures nécessaires dans ce genre de situation. La même source avance, par ailleurs, que le ministre cogite avec son équipe de communication la manière adéquate pour répondre à Abou Zaid. Pour mémoire, Belmokhtar a toujours clamé qu'il a hérité du projet de la généralisation du bac français de son prédécesseur, Mohamed El Ouafa. En attendant la publication de sa réaction, le groupe parlementaire du PJD est sur la même longueur d'onde que le titulaire du département de l'Education. Les députés islamistes cherchent, également, une formule d'excuse pour tourner la page de ce nouveau dérapage d'Abou Zaid. Une manière pour eux de prendre de la distance vis à vis des propos de leur frère. Abou Zaid n'a fait exprimer tout haut ce que les autres pensent tout bas Incontestablement, Abou Zaid El Idrissi a commis un écart de langage, voire même une diffamation à l'encontre d'un autre marocain, de surcroît ministre au sein d'un gouvernement dirigé par son supérieur hiérarchique. Accuser quelqu'un d'être membre du parti de la France, équivaut à le déclarer comme traitre. Toutefois, le groupe des députés du PJD ne voient pas d'un bon œil l'accord conclu, le 18 février à Rabat, entre Vincent Peillon et Rachid Belmokhtar, sur la généralisation du bac français, au point de douter de sa conformité avec l'article 5 de la constitution du 1er juillet 2011. Les PJDistes considèrent qu'une telle initiative serait de nature à favoriser le français au détriment des deux langues officielles, l'arabe et l'amazighe. En somme, il y a bien désaccord sur la forme, mais sur le fond, ils sont en phase avec Abou Zaid El Idrissi.