L'arabisation de la vie publique est le rêve des islamistes. A cet effet, ils viennent de déposer une proposition de loi, imposant l'usage de la langue arabe et sanctionnant les infractions par des amendes. Mais le gouvernement semble moins emballé par cette perspective. Détails. Première tension entre le gouvernement et le groupe parlementaire du PJD. Le cabinet Benkirane a émis des réserves à l'examen en commission d'une proposition de loi devant assurer une protection à la langue arabe. Une autre bataille dans la guerre qui oppose, depuis bien des années, les islamistes aux francophones. En revanche, il a accepté de discuter le projet en cours de réalisation sur le terrain du baccalauréat français que le ministre de l'Education nationale, Rachid Belmokhtar, souhaite généraliser sur les 83 délégations de son département éparpillées sur l'ensemble du territoire. Une initiative qu'appréhendent les PJDistes, estimant qu'elle est «anticonstitutionnelle» parce qu'elle a été conclue sans l'aval du conseil de gouvernement, comme il est d'usage pour les accords internationaux. Des demandes adressées à l'Etat et non au gouvernement La proposition des députés du PJD tombe au mauvais moment pour Benkirane qui souhaite éviter une confrontation directe avec son ministre, sachant parfaitement que Belmokhtar est fortement soutenu par le Palais. A cet effet, le gouvernement a promis la préparation d'un projet de loi global sur l'enseignement de la langue arabe. Le texte proposé par les députés de la Lampe exige de l'Etat une «protection de la langue arabe (…) à l'oral comme à l'écrit», «sa préservation de toutes les influences étrangères» et «l'élaboration de programmes et de plans (…) à même de rehausser son niveau et la généralisation de son usage», annonce l'article 3. Obligation de l'arabe dans tous les spots publicitaires Le texte n'a pas oublié le secteur de la communication. Les articles 7 et 15 imposent la présence de l'arabe dans toutes les catégories des messages publicitaires. Toute infraction, contrôlée par des fonctionnaires exclusivement chargés de cette mission, est passible d'amendes, pouvant atteindre jusqu'à 50.000 dh, averti l'article 35 de la proposition des islamistes. En revanche, les PJDistes ne mentionnent pas de peine d'emprisonnement. L'arabisation, un rêve de Abbas El Fassi, également En dépit des divergences politiques entre l'Istiqlal et le PJD, la défense de la langue arabe les unit. En mai 2008, le gouvernement Abbas El Fassi avait succombé à la tentation d'imposer l'usage de la langue arabe dans toutes les administrations publiques. A l'époque, le ministre des Relations avec le parlement, Saâd Alami, actuellement ambassadeur du royaume au Caire, avait annoncé devant les députés que son cabinet préparait un décret exigeant que tous «les services gouvernementaux concernés s'emploient à élaborer un projet de décret pour consacrer l'obligation de l'usage de la langue arabe aussi bien dans la relation entre services publics que dans la communication avec les citoyens». Une initiative qui n'a pas dépassé le seuil de l'annonce.