La coopération religieuse entre l'Espagne et Al Adl wal Ihssane gagne en intensité. Avec la bénédiction de ses services secrets, Madrid confie la formation de ses imams à une organisation, contrôlée par les disciples d'AWI. La France est séduite par la formation de ses imams au royaume. En revanche l'Espagne, sous le poids de considérations historiques, fait plutôt confiance à Al Adl wal Ihssane. L'organisation non-reconnue par les autorités marocaines chapeaute indirectement tout un programme au profit de religieux. Une mission que Madrid a confiée à la Fédération espagnole des entités religieuses islamiques (FEERI), à la tête de laquelle trône Mounir Benjelloun. La FEERI va organiser les 18 et 19 avril dans la région de Valence un programme destiné à l'amélioration des connaissances de la Chariaâ destiné à 40 imams, officiant dans plusieurs mosquées en Espagne. Le Maroc a lui été écarté de l'organisation de cet évènement. La FEERI en coordination avec les responsables espagnols ont fait appel à l'université islamique de Rotterdam (privée), contrôlée par les Turcs et des disciples de la Jamaâ. AWI et Madrid main dans la main En vue de faire face à l'influence des mouvements islamistes radicaux et de la monarchie marocaine sur les mosquées, Madrid parie sur Al Adl wal Ihssane. Une stratégie qui obéit à des recommandations des services secrets. Preuve en est l'accession officielle en mai 2012 de Mounir Benjelloun à la présidence de la puissante organisation musulmane du voisin du nord. Son élection est intervenu presque une année après la publication en été 2011 par la presse locale d'extraits d'un rapport du CNI (Centre National d'Intelligence) mettant en cause l'influence du Maroc sur la sphère religieuse musulmane en Espagne. Le document du CNI soulignait que «le principal instrument de contrôle» de la communauté marocaine en Espagne était la FEERI dirigée alors par Mohamed Hamed Ali. Cet homme originaire de Ceuta ambitionnait d'intensifier la coopération avec le Conseil supérieur des oulémas et le ministère des Affaires islamiques. Ses positions déclarées en faveur de la marocanité du Sahara occidental n'étaient guère appréciées par l'establishment espagnol. Ce qui lui aura sans doute couté sa place.