Presque 72 heures après l'expulsion de Noureddine Ziani d'Espagne, un nouvel élément émerge du lot, justifiant une telle mesure : le CNI veut le contrôle des mosquées de la Catalogne et les placer sous la tutelle d'Al Adl wal Ihssane. La Jamaâ a réussi, voilà plus d'une année, à placer un de ses membres, Mounir Benjelloun, à la tête de la FEERI, la principale organisation des associations islamiques en Espagne. Il fut un temps où elle faisait allégeance à l'Etat marocain. Noureddine Ziani, le Marocain expulsé d'Espagne suite à un ordre du CNI, se trouve à Rabat. Vendredi soir, il a été contraint de prendre un vol, depuis l'aéroport de Barcelone, vers Melilla. Sa prochaine destination serait la ville d'Oujda, dont il est originaire. «Il va bien. Notre combat continue pour laver la réputation de Noureddine de toutes les accusations colportées contre lui par le contre-espionnage espagnol. Nous allons déposer des recours contre son expulsion ici en Catalogne et devant la Cour de justice européenne», nous confie Mme Ziani. En attendant le lancement de cette phase, les imams de Catalogne entrent également en scène. Dans un communiqué, les religieux se disent convaincus de l'innocence du président de l'Union des centres culturels islamiques de la Catalogne. Al Adl wal Ihssane serait-elle le grand bénéficiaire de cette expulsion ? «Une chose est sûre, le dynamisme de Noureddine Ziani dérange le CNI», indique une source à Barcelone. «L'Espagne veut que les mosquées de la Catalogne qui échappent à son contrôle soient placées sous la tutelle de la FEERI (Fédération espagnole des entités religieuses islamiques) à la tête de laquelle se trouve, depuis plus d'un an, Mounir Benjelloun, un membre d'Al Adl wal Ihassane», ajoute-elle. «Le gouvernement catalan est parfaitement conscient de la manœuvre des autorités de Madrid, ce qui explique d'ailleurs, son ferme appui à Ziani». Mai 2011, El Pais publie des extraits d'un rapport du CNI dans lequel la FEERI, à l'époque dirigée par Hamed Mohamed Ali, un Espagnol originaire de Ceuta, totalement acquis au Maroc, de «principal moyen de contrôle de l'immigration marocaine en Espagne». Une année plus tard Hamed Ali est éjecté de la présidence de la FEERI au profit d'un adliste, résident depuis 1992 à Murcie, une région où Al Adl wal Ihassane a installé, avec la bénédiction de l'Etat espagnol, sa principale base. Le nouveau secrétaire général de la Jamaâ y comptait, du temps de Abdeslam Yassine, plusieurs voyages pour former des imams et visiter la famille. Une de ses filles est, d'ailleurs, marié à Saïd Mehdi, un prédicateur de Murcie. Contrairement à Hamed Ali, Ziani ne possède pas la nationalité espagnole. Son expulsion, du coup était relativement facile. Dans cette affaire qui dépasse le sort d'une seule personne, que compte faire l'Etat marocain ? Laissera-t-il Al Adl wal Ihssane étendre son autorité sur la Catalogne, le seul bastion qui lui reste encore ?