Malgré les précisions du porte-parole de la Fédération islamique de la région de Murcie (FIRM), Brahim Roubi, qui est monté au front pour rappeler que cette association n'a aucun lien avec la Jamaâ d'Al Adl Wal Ihssane, le doute reste permis, d'autant que Mohamed El Abbadi, numéro deux de la mouvance est un habitué de la FIRM. Le porte-parole de la Fédération islamique de la région de Murcie (FIRM), Brahim Roubi, est monté au front vendredi dernier, pour préciser que cette association n'a aucun lien avec la Jamaâ d'Al Adl Wal Ihssane. Brahim Roubi, également président de l'association des immigrés Ennibras de Torre Pacheco, s'exprimait lors d'une conférence de presse, convoquée par la FIRM à l'occasion du coup d'envoi des journées de formation d'imams de mosquées qui devaient se tenir du 29 au 4 mars courant, à la Résidence de tourisme « Arbolar de Los Urrutias » à Cartagena. L'événement a suscité des réactions suspicieuses, rapportées par la presse ibérique, qui a mis en garde contre la participation à l'encadrement de ce cycle de grandes figures du mouvement de cheikh Abdessalam Yassine, comme le numéro deux du conseil d'orientation au Maroc, Mohamed El Abbadi, ou Rachid Boutarbouch, considéré comme le leader des adlistes en Espagne. Prêcher la tolérance Tout en insistant sur le caractère apolitique de la FIRM, Brahim Roubi a rappelé que Al Adl Wal Ihssane est un mouvement «illégal». Il a précisé néanmoins, que la fédération n'enquêtait pas sur ses membres, et que certains pourraient très bien être affiliés à un mouvement ou un autre. « Nous ne pouvons pas fermer nos portes, nous sommes ouverts au dialogue et au contact avec tout le monde » Dans une comparution antérieure devant la presse, le Secrétaire général de la FIRM Mounir Benjelloun Al Andaloussi, avait expliqué que l'objectif de ce cycle de formation des imams visait à retenir certains concepts et à en écarter d'autres, qui risquent d'être mal interprétés. En d'autres termes, prêcher davantage de tolérance et de cohabitation et moins de Jihad et de guerre sainte. Selon Benjelloun, la mosquée doit être ouverte à tous, pour être un lieu d'entente et de dialogue entre musulmans et non-musulmans, et non pas une «planque» pour mettre au point un plan quelconque. De tels propos n'atténuent cependant pas la méfiance à l'égard de la FIRM qui ne se contente pas de vouloir s'ériger en représentante des 50.000 musulmans de la région de Murcie, mais qui est partie à l'assaut de la Commission islamique nationale, représentant en principe l'ensemble des musulmans d'Espagne, en vertu d'une convention signée en 1992. Formant partie d'une nouvelle plateforme associative représentant 140 mosquées, constituée notamment des Conseils islamiques de Valence, de la Catalogne, des îles Baleares, de l'Andalousie et de la Fédération musulmane d'Espagne, la FIRM a accueilli à la mi-février en Murcie, une réunion des représentants de cette plateforme pour poursuivre les concertations, en vue d'intégrer la Commission islamique. La suspicion à l'égard de la FIRM a été déclenchée par la présence de Mohamed El Abbadi qui avait visité la Murcie, l'année dernière, à l'occasion d'une tournée en Espagne. La présence à la coupole de la FIRM de Said Mehdi, gendre d'El Abbadi, et imam à Cartagena, avait aiguisé les critiques. Au point que la fédération islamique a demandé à la Brigade d'information de la police nationale (RG) d'enquêter sur l'origine des «fausses informations» sur Saïd Mehdi, filtrées au journal gratuit Vega Media Press. «Le lien de parenté de l'imam de Cartagena avec El Abbadi ne veut pas dire forcément que ce membre de la FIRM soit militant de la Jamaâ d'Al Adl Wal Ihssane», a déclaré Mounir Benjelloun. Sauf qu'il est de notoriété publique que la mouvance du cheikh Yassine est largement implantée en Espagne.