Le Maroc a élaboré une « stratégie de grande envergure » en Espagne. « Cette stratégie est conçue et développée par le régime marocain, et son objectif est d'étendre son influence et de contrôler les Marocains résidant en Espagne, en utilisant la religion», dit le Centre national du renseignement (CNI, services secrets espagnols), dans un rapport secret présenté par son directeur au département de la défense espagnol. L'existence de ce rapport a été révélée par le quotidien espagnol El País dans son édition du 2 août 2011. Rabat a comme principal objectif de contrôler les 760 000 Marocains qui vivent en Espagne (auxquels il faut ajouter les 70 000 autres qui ont obtenu la nationalité espagnole), pour ainsi barrer la route à l'opposition et empêcher l'émergence des courants islamistes en dehors du Maroc. Selon le CNI, le « principal outil de contrôle » utilisé à Rabat est la Fédération espagnole des entités religieuses islamiques dont le président est Mohamed Ali, un espagnol de Ceuta qui prétend être rentré au Maroc. La Fédération distribue des fonds, non seulement parmi ses membres, mais aussi à « des associations (...) prêtes à suivre les directives de Rabat ». En Catalogne. Toutefois, le principal bénéficiaire des subventions marocaines est le Conseil culturel islamique de Catalunya. La Fédération de Mohamed Ali est supervisée directement par l'ambassade et les consulats du Maroc en Espagne, en collaboration avec la Fondation Hassan II présidée par Lalla Meryem, et dont le budget n'est pas contrôlé par le Parlement marocain, indique le rapport du CNI. Dans son rapport de mai sur le financement de l'islam en Espagne, le CNI donne un autre exemple de l'utilisation de l'islam à des fins politiques. En novembre 2008, « le ministère des Affaires islamiques du Maroc a invité et financé une réunion à Marrakech, qui a été suivie par un grand nombre d'imams et leaders de la communauté musulmane en Espagne. » On leur avait promis « le financement de leurs associations et mosquées, et en contrepartie de suivre les directives de Rabat en matière religieuse. » La star de cette réunion était Yassine Mansouri, patron de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), qui a même donné une conférence lors de cette réunion. Le régime marocain mène une guerre sans relâche contre le mouvement islamiste Justice et Bienfaisance (Al Adl Wal Ihssane) en Espagne, ajoute le même rapport. Les ministères espagnols de l'Intérieur et de la Justice décrivent le Mouvement du cheikh Yassine comme non violent, mais « fondamentaliste ». Al Adl exerce son action par le biais de l'Organisation nationale pour le dialogue et la participation, basée à Leganés (Madrid), et contrôle des mosquées de Murcie ainsi que d'une partie de l'Andalousie. L'Alliance pour la Liberté et la Dignité est la branche politique du Mouvement en Espagne. Dans ce rapport, les Espagnols accusent le régime marocain et les mouvements islamistes d'empêcher l'intégration des résidents marocains en Espagne. Photo: Musulmans dans la ville de Malaga.