Le document des services de sécurité marocains avertissant leurs homologues espagnols, avant la fin de 2003, que des terroristes islamistes envisageaient de commettre des attentats en Espagne ne sera pas déclassifié, selon une décision officielle du gouvernement espagnol. Les notes d'information, les rapports et les alertes envoyées par les services de renseignements marocains à leurs homologues espagnols dans le cadre de la coopération bilatérale dans la lutte antiterroriste ne seront pas mis à la disposition de la commission parlementaire formée par le Congrès des députés pour enquêter sur les attentats du 11 mars à Madrid. Parmi les 85 demandes formulées par la commission d'investigation, le gouvernement espagnol a refusé de déclassifier six documents dont les messages envoyés par les services secrets marocains, la Direction de la surveillance du territoire (DST) et la Direction générale des études et de la documentation (DGED). Ainsi, le gouvernement a refusé de déclassifier un rapport remis par les services secrets après les attentats du 16 mai pour attirer l'attention de la police espagnole sur l'existence, sur le territoire espagnol, du Marocain Jamal Zougam, impliqué dans les attentats de Casablanca et principal accusé dans l'enquête sur les actes terroristes du 11 mars. L'exécutif espagnol a refusé de remettre ce document à la commission parlementaire alléguant que les rapports du Centre national d'intelligence (CNI) sont exempts du contrôle parlementaire conformément à la loi portant sa création. La première vice-présidente du gouvernement espagnol, María Teresa Fernández de la Vega, a expliqué, lors d'une conférence de presse, que la décision de refuser la déclassification desdits documents est due au fait que cela affecterait "la structure, les sources et les procédures du Centre national d'intelligence (CNI), des services secrets étrangers et des organisations internationales". Elle a aussi expliqué que seules seront remis à la commission d'enquête, les documents dont la loi n'interdit pas l'accès aux personnes non autorisées et qui ne mettent en danger la sécurité de l'Etat espagnol. La commission pourra néanmoins avoir accès à des rapports élaborés par les autres services de sécurité espagnols sur les attentats du 16 mai et spécialement les parties concernant la Casa de España à Casablanca. Parmi ces dossiers, figure un rapport d'information et d'analyse rédigé par la Garde civile espagnole sur les actes terroristes de Casablanca, ainsi qu'un rapport du CNI traitant du même sujet. La commission, qui entame ses travaux, aujourd'hui, en procédant aux premières auditions de responsables politiques et des services de sécurités espagnols, a pour objectif de faire la lumière sur les attentats terroristes du 11 mars. Rappelons que la commission a été créée suite à l'infiltration dans les médias espagnols de l'existence d'une manipulation de l'information de la part de l'ancien gouvernement populaire présidé par José Maria Aznar et d'une négligence de la part des services de sécurité espagnols qui n'auraient pas pris en considération les messages d'avertissement qu'ils avaient reçus, notamment de la part des services de sécurité marocains. Ces derniers avaient alerté leurs homologues espagnols que des terroristes islamistes envisageaient de commettre des attentats en territoire espagnol, et ce avant la fin de l'année 2003.