Entre le 21 février et le 6 mars, tous les centres de rétention connus à travers le pays ont relâché les migrants arrêtés à Gourougou le 10 février. Le ministère de l'Intérieur a renoncé à les expulser, mais les arrestations continuent à Nador. Les libérations ont commencé au lendemain de la visite de l'huissier de justice ordonné par le tribunal administratif de Casablanca à El Jadida, le 21 février, dans un centre où étaient retenus plusieurs dizaines de migrants et se sont poursuivies jusqu'à vendredi 6 mars. En prenant la décision de libérer les migrants arrêtés dans la forêt de Gourougou près de Nador, il y a un mois, le 11 février, le ministère de l'Intérieur renonce donc à expulser les migrants vers leurs pays d'origine. D'abord El Jadida, puis «à partir du 26 février de Youssoufia à Ouarzazate, les centres où étaient retenus les migrants, dans la vingtaine de localités que nous avions recensées, les ont tous relâchés», détaille Aminata Pagni, responsable migration au CNDH. «Au camping d'Arekmane [par où ont transité au départ, tous les migrants arrêtés à Gourougou et déplacés, ndlr], certains migrants m'ont dit qu'ils étaient retenus là depuis les grandes arrestations, près de Nador, il y a un mois», tempère Hicham Arroud, membre de l'association Asticude, à Nador. Dans le reste du pays, les centres situés à Errachidia, Erfoud et dans la région de Marrakech, ont été les derniers, vendredi, à ouvrir leurs portes. Lors de leur libération, les migrants ont été rendus à eux-mêmes à des kilomètres de là où se situaient leurs derniers repères. «Ceux qui étaient retenus près de Marrakech se sont vus remettre un récépissé de demande de régularisation», indique Stéphane Julinet, responsable plaidoyer du groupement associatif de défense des droits des migrants GADEM. «Les autorités ont promis à d'autres de les rappeler prochainement et certains ont été libérés sans rien», complète Aminata Pagni. Arkmane, centre de rétention «Une partie d'entre eux s'est dirigée vers Meknès et Fès, d'autres ont tenté de retourner à Nador et à Tanger pour reprendre leurs tentatives de traversée faute de se voir offrir les moyens d'une vie digne au Maroc, et d'autres encore se sont retrouvés à Rabat», énumère Stéphane Julinet. Depuis les déplacements forcés de migrants de Tanger et Nador pendant 2014, Meknès et Fès sont devenus des bases de replis pour beaucoup de migrants. Le centre de loisir situé sur la plage d'Arkmane près de Nador est de son côté en train de devenir, de fait, le premier centre de rétention d'immigrés en situation irrégulière du pays. «Depuis les grandes rafles du 10 et 12 février, les arrestations n'ont jamais cessé. Les migrants sont arrêtés un peu partout en ville, dans les rues, et amenés à Arekmane», indique Hicham Arroud. Selon lui, ils y resteraient ; pour Stéphane Julinet, ils seraient à nouveau déplacés et libérés vers le centre de pays.